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 210                    VIVE LA FRANCE!
 qui alléchaient beaucoup les bonshommes dont j'ai parlé.
 Là, on trouvait aussi des cafés plus brillants, sinon plus
 bruyants que ceux du bourg en question, car il s'y faisait
pas mal de tapage, surtout depuis l'arrivée d'une manière
d'esprit fort, petit rentier de l'endroit, ne doutant de rien
 épris de son importance microscopique, et qui, étant allé à
 Paris, en racontait les innombrables merveilles aux ba-
dauds enthousiasmés. Hélas! point d'autres événements
 alors pour surexciter la grande verve dé ce monsieur. Je
me trompe : les petits journaux apportaient quotidienne-
ment à C . . . une jolie fournée de crimes, et Troppmarin,
 de hideuse mémoire, tenait alors le haut du pavé ; — puis,
venait le procès de Pierre Bonaparte, le bretteur ; — p u i s ,
grand Dieu! le plébiscite! — et enfin, on en était là,
lorsque... mais arrêtons-nous un instant, je vous prie, pour
nous reposer un peu dans une tout autre contemplation.

                               II
   Voyez-vous d'ici cette maisonnette bien simple, bien
riante, ayant pour parure les arbres d'un jardinet voisin,
qui lui font un rideau de feuillage? On s'aperçoit qu'elle
est soignée comme une amie, du moins, pour ce qui con-
cerne sa décoration champêtre. Quel délicieux fouillis
d'accacias, de hêtres, de mûriers, de sureaux, autour
d'elle ! Les arbres croissent là, comme s'ils pouvaient sen-
tir qu'ils sont aimés ! un petit ruisseau transparent chante,
auprès d'eux, sa chanson monotone, mais si pure ! —
Chut!... quelle ravissante voix de jeune fille se mêle au
murmure de l'onde et des oiseaux babillards... Oh! vous
allez me permettre d'écouter; cet organe me va au cœur...
bien mieux, approchons-nous pour jouir d'un touchant
spectacle...
  Une bonnne femme, assez âgée, mais surtout infirme,
perdue de tous ses membres, est assise dans un grand
fauteuil devant la porte de la chaumière. Près d'elle, sur
un banc de bois, la plus jolie fille de dix-huit ans travaille,