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                       POESIE.

Tout un siècle passa sans calmer ses douleurs.
En vain l'enfant tardif, engendré dans les pleurs,
Seth, vertueux et bon, grandissait auprès d'elle
Au souvenir du mort la mère était fidèle.
Rien ne la consola ; jamais ce triste amour
Ne voulut accepter aucun dictame... Un jour
Elle se sentit faible... une langueur subite ,
S'empara de son être... Elle comprit bien vite
Que l'instant approchait du suprême repos
Elle ne quitta plus son lit d'herbe et de peaux
Un rayon merveilleux illuminait encore
Celle que salua, dans sa divine aurore,
Eden avec ses fleurs et ses hôtes ravis
Mourante, elle a gardé dans ses yeux allanguis
Son attrait infini, sa jeunesse immortelle
Et les ans ni les maux ne l'ont faite moins belle. *


Un souvenir l'oppresse, invincible, étpuffant
Qu'est devenu Kaïn, le criminel enfant?...
Quel fleuve, quel torrent lava sa main rougie ?... •
S'il vit encor, quel est l'antre où se réfugie,
Traqué par le remords, le fuyard pantelant!...
Car elle n'a rien su depuis le jour sanglant.
Ce fut un soir d'été, dans les moissons nouvelles ;
L'un veillait ses brebis, et l'autre ses javelles
Un autel de gazon s'élevait au milieu ;
Le laboureur hâlé vint apporter à Dieu
Quelques gerbes sans choix, présent de l'avarice
L'autre, le doux pasteur, offrit en sacrifice
Des agneaux nouveau-nés, la fleur de son troupeau,
Et l'autel, s'allumant soudain comme un flambeau,
Dédaigna les épis et brûla les victimes
Et Caïn se vengea par le premier des crimes.
Abel, atteint au cœur d'un brandon furieux,
Exhala dans un cri son âme vers les deux.