Revue du Lyonnais » série 3 - n°15 ( 1873 ) » pp.381

                            DE LA VÉRITÉ.                           381
 vrai dans l'ordre moral, on n'en discuterait plus ; on ne différe-
 rait que sur les conséquences de ces principes, et même cela
 serait difficile, car il y a de grands logiciens ; mais c'est le critère
 des principes qui nous manque, et voilà pourquoi l'on dispute.
 Comment les vrais croyans ne disputent-ils jamais sur leurs
 principes, savoir leurs dogmes ? C'est qu'ils ont leur critère.
 Lequel V L'Ecriture, et pour les cas douteux, l'Eglise, cet inter-
prète infaillible de, l'Ecriture. Hors de là, tout fait question,
 tout est individuel, capricieux , arbitraire, là comme ail-
leurs. Je poursuis : point d'unité dans la conscience publi-
 que sans une morale commune ; point de morale commune
sans une autorité morale qui s'impose à tous, dans tous les
points délicats de la vie ; comme aussi, point d'autorité mo-
rale sur l'homme, au nom de l'homme ; donc, nécessité d'une
autorité supérieure à l'homme, savoir, Dieu ; donc, néces-
 sité du sentiment de l'autorité divine, inspirant l'homme dans
les détails de la vie terrestre, savoir, le prêtre recommandant à
l'homme, au nom de Dieu, la religion d'où découle la morale.
Ce réseau est invincible ; je défie nos sots matérialistes de le
rompre ; ils n'y opposeront que des mots, par impuissance ma-
nifeste de trouver des choses ; mais qu'est-ce qu'un matéria-
liste, qu'un homme qui a plus de souci d'un caillou que d'un
astre ?
                                  Vil

   De l'incertitude de la raison naît la nécessité de l'expérience,
c'est-à dire du témoignage éternel des hommes, car la cons-
cience individuelle s'affermit par la conscience collective des
peuples. Enfin, de l'incertitude de la vérité, naît la nécessité de
l'autorité qui la remplace ou qui, du moins, la supplée quand
elle s'éclipse.
   Il y a des vérités qu'on n'obtient que comme on gravit les mon-
tagnes, en tournant l'obstacle. Pour monter à la vérité, il faut
souvent escalader, et quelquefois descendre.
   L'esprit humain peut, relativement au vrai, se placer dans
Vune des quatre conditions qui suivent : —Ne reconnaître d'au-