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382 DE LA VÉRITÉ. îre autorité que lui-même et tout donner à la philosophie, c'est-à -dire, à la secte qu'il adopte ; c'est le rationalisme ; —il peut ne reconnaître que l'autorité divine et tout donner à la révélation et à la théologie, c'est le mysticisme ou l'exagération du christianisme ; — l'esprit humain peut croire que l'homme est apte à la vérité qui lui importe pour régler sa vie et qui a deux sources, savoir, l'esprit de l'homme inclus dans la philosophie, l'esprit divin, l'esprit de révélation, inclus dans la théologie; c'est là le dogme chrétien (1). — Viennent ensuite les sceptiques absolus qui affirment comme vrai « que rien n'est vrai » et qui, si rien n'est vrai d'après eux, ne peuvent même pousser ce triste cri : que « rien n'est vrai », car comment savent-ils que rien n'est vrai ? . Quand je me suis démontré, par l'étude, mon impuissance d'atteindre à certaines connaissances, je ne sais pas plus, mais je sais mieux. La douleur de mon doute a cessé,- je sais enfin qu'il est des choses que je ne puis savoir, qu'il faut que j'ignore, et qu'il est inutile que je cherche : c'est un repos, c'est même une science relative que de savoir qu'on ne peut savoir. Entre le mystère, ou l'obscurité complète attachée au mystère, et la vérité, — ou la lumière complète attachée à la vérité, — il y a quelque chose de mixte, appelé la connaissance, qui n'est qu'une lumière relative au-dessus des ténèbres complètes du mystère, mais inférieure à l'éclat surnaturel de la vérité com- plète ; ce provisoire tout humain est notre lot ici bas, il faut s'y soumettre. Le doute et le mystère sont les .accessoires de la vérité, ils en sont presque le complément, tant ils y adhèrent : qui ne sait pas ignorer et qui ne sait pas douter n'est pas propre à trouver la vérité. Saint Augustin nous dit très-pittoresquement : « Plu- sieurs voies mènent à la vérité ; la première, c'est l'humilité ; (1) Quand saint Clément d'Alexandrie appelait la philosophie un don divin, il ne l'entendait que de la philosophie chrétienne s'exerçant daefs le cadre que le christianisme lui abandonne ; car laph'losophie qui attaque Dieu ne vient pas de Dieu.