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JEAN-PIERRE BRUYÈRE. 289 l'entrée de la rue Mercière et le troisième entrait dans la rue Confort. Les échoppes des marchands de fruits et de légumes couvraient la place ; c'était le centre, le cœur de la cité, dont la rue Saint-Dominique et la rue Mercière étaient les artères les plus actives. Les vastes parapluies des revendeuses, grands comme des tentes et s'ouvrant autour d'un mât fiché en terre, donnaient à ce carrefour l'aspect le plus pittoresque et le plus original. La foule venant de la Guillotiere ou de Perrache se pressait, se coudoyait avant de s'engager dans la longue et étroite rue où se vendaient presque exclusivement la mercerie et la . librairie. C'était ce dernier voisinage que le père Bruyère avait cherché, c'était la clientèle des Périsse, des Rusand, des Gentot qui avait fixé son choix et sa sagacité heureuse ne reçut jamais de démenti. Ce fut donc entre deux rames de papier que le berceau da Jean-Pierre fut placé ; ce fut entre un coupoir et une presse à satiner qu'il grandit. A cette époque, on avait moins d'ambition qu'aujourd'hui ; le fils respectueux et soumis ne croyait pas déroger en suivant la carrière paternelle. Dès qu'il eut quitté les vêtemens de l'enfance il fut décidé sans conteste que le jeune Bruyère serait relieur. Mais aussitôt qu'il put se rendre utile, le jeune a p - prenti montra un goût, une adresse, une précision dans ses travaux qui les firent remarquer. Dès qu'il put donner son avis, il montra de l'éloignement pour l'a peu près, fort suffisant pour les ouvrages vulgaires ; il appréciait ce qui était beau et bien. Sans autres modèles que les livres an- ciens dont il admirait l'ornementation, la solidité et le fini, sans autre guide que son goût pur, il donna aux livres de l'atelier un cachet qui fut bien vite apprécié des con- naisseurs. Au moyen-âge, la reliure des manuscrits et plus tard des ouvrages imprimés, reflétait l'élégance des grandes dames- et des grands seigneurs. L'artiste, pour plaire, 49