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216 VIYE LA FRANCE !
— Eh bien! je viens de lire le journal au café ; la, guerre
est déclarée contre la Prusse.
Julien s'élança sur le vieux sabre de son père, appendu Ã
la muraille, le prit entre ses mains frémissantes,et s'écria :
— Nous nous battrons en braves, et s'il le faut, nous
mourrons pour la France !
Et ses grands yeux noirs étincelèrent.
— Bien, mon fils, dit l'ancien soldat, avec des larmes
d'orgueil; j'étais ainsi à ton âge!
— Mais si l'on allait me prendre mon enfant, dit la pau-
vre mère, en entourant Julien de ses bras, car elle savait,
qu'en cas de besoin, il était réservé pour la garde mobile.
— Ma mère, ne vous tourmentez pas 1,.. Que voulez-
vous ? On est homme, on fera son devoir !
— Sans doute, sans doute, dit le père, en tordant sa
moustache; mais les femmes, cela s'inquiète de rien?
Je suis bien allé à la guerre, moi, et j'en suis revenu.
Pourtant, Dieu sais que je me battais crânement, à preuve
que 1« maréchal Bugeaud me dit un jour :
i— Mille bombes ! vous tapez dur ! J e suis content de
vous, François !
Et Bugeaud s'y connaissait ; c'était un vrai troupier,
un dur à cuire, un maître-homme, quoi !
Lorsque le soldat d'Afrique parlait du duc d'Isly, il
était si long dans ses discours qu'il n'en finissait guère,
surtout quand il était émotionné comme ce jour-là , mais
nous abrégerons ses effets oratoires, par égard pour nos
lecteurs.
Jeanne, la mère, embrassait tendrement son fils, avec
je ne sais quelle crainte vague...
— Ce ne sera pas une guerre pour, rire, continua le
père François ; sacrebleu ! je voudrais y être, pour leur
montrer que l'on sait encore tenir gaillardement un mous-
quet! Julien, si tu m'avais vu dans les montagnes delÃ
Kabylie, mon enfant?
— Mais avait-on bien besoin de cette guerre, murmurait
V