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188 ÉPITRES D'ANGE POLITIEN. crit. Deux années ne s'étaient pas écoulées que la Révolu- tion française fit entendre ses premiers grondements ; la procédure du jeune héritier des Rancé sombra dans la tourmente, et lui-même, de retour à Lyon, y prit part au terrible siège qui devait couvrir de sang et de ruines notre malheureuse cité. Il y fut frappé mortellement à la re- doute du Pont-Morand dans la fatale journée du 29 sep- tembre 1793, et mourut dans sa trentième année, entre les bras de sa mère, le 1er octobre suivant (1). Quant à l'abbé Coupé, il avait vu, dès 1792, ses fonctions devenir inuti- les, et s'était retiré à Fontainebleau, où il composa entre autres ouvrages, ses Soirées littéraires, qui parurent en vingt volumes in-8°, à Paris, de 1795 à 1801. En ouvrant le tome neuvième, paru en 1797, on lit de la page 31 à 149, les deux premiers livres des Let- tres d'Ange Politien, et la l re lettre du livre III e tra- duites pour la première fois du latin. On retrouve dans l'œuvre du traducteur resté anonyme, toutes les qua- lités de son modèle, un style souple, fécond, énergique, coloré; Coupé ne s'en attribue pas le mérite, mais il omet d'en faire connaître l'auteur, et de nommer soit le chantre de Saint-Paul, soit le procès de son petit-neveu. Il supprime aussi les commentaires propres à éclaircir les endroits obscurs et l'histoire des savants du xv° siècle, qui devaient former la partie la plus précieuse du ma- nuscrit ; enfin, il se borne à dire en finissant : « Je pour- rai quelque jour donner la suite de ces lettres intéres- santes. Mais je passe en ce moment à d'autres choses qui ne le sont pas moins. » Ce projet n'a jamais été exécuté, et ce ne fut pas faute d'insistance de la part des héritiers du chanoine de Saint- Paul. En effet, la sœur du chevalier de Rancé avait (1) Son père lui a survécu jusqu'en 1820 , et un frère puiné, engagé dans les ordres, jusqu'en 1834. En lui s'est éteinte, quant aux mâles , la famille Goussard de Fontebrune.