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                      ÉPITRES D'ANGE POLITIEN.                       189

épousé, en 1791, le célèbre Jean-Marie Morel de Fonte-
 brune, auteur de la Théorie des Jardins, chantée -par De-
lille. Ce savant aimable (1), comme l'appelle Coupé, lui
 avait adressé des reproches de ce qu'il n'avait pas traduit
le reste des lettres d'Ange Politien, et tout au moins livré
à la même publicité les commentaires et la traduction de
la sylve du même auteur, intitulée : Ambra.
   L'infatigable compilateur lui répondit que ce goût pour
les vieux savants, qui est aussi le sien, n'est pas celui de
tout le monde, et qu'il se voit forcé de varier, lorsqu'il
aimerait bien mieux donner de la suite aux grands mor-
ceaux. Cependant, pour le contenter, il lui promet d'insé-
rer dans le dixième volume, et sans nommer son corres-
pondant à cause de sa modestie, la traduction de l'Ambra
d'Ange Politien, qui est faite sans doute pour plaire à tout
le monde. » (2).
   Ce jugement de l'abbé Coupé n'est pas aventuré, car
l'Ambra est un des chefs-d'œuvre de cette école de la Re-
naissance, groupée autour des Médicis. Il doit son ori-
gine aux leçons que Politien fit sur Homère (3), et fut
prononcée en présence de >tous les illustres de l'Italie à
l'ouverture de son cours public. Des femmes célèbres as-
sistèrent aussi à la lecture de cette sylve latine, et la cri-
tique la plus sévère a ratifié l'enthousiasme que fit naître
le poème le plus achevé peut-être, et le mieux inspiré du
brillant professeur. « Ambra, dit1 Heeren (4), était le
nom d'une des villas où Laurent de',Médicis se plaisait à

   (1) Voir Discours sur la vie et les Å“uvres de J.-M. Morel, par de For-
tair%Paris, 1813, in-8°. Delille a fait à son œuvre de nombreux emprunts,
déguisés sous le voile de la langue poétique.
   (2) Soirées littéraires, tome X, page 235.
   (3) Ang. Politiani Sylva, cui titulus Ambra, in poetœ Homeri enarra-
tione pronunciata. Les trois autres poèmes sont intitulés : Nulritia, Rus-
ticus, et Manlo.
   (4) Histoire de la littérature classique au moyen-âge, traduction de
M. Chastel dans les Mémoires de la Société littéraire, 1862, page 15.