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424 ÉPITRES D'ANGE POLITIEN. en avoir emprunté l'idée au chanoine lyonnais. Quelle coïncidence frappante, aurait amené sous la plume de ces deux savants des idées et des membres de phrase presque identiques, s'ils ne s'étaient communiqué non-seule- ment leur pensée, mais la forme même qu'elle avait revê- tue dans leur esprit. Or, ici, la priorité appartient à notre compatriote, et l'auteur des N.oëls bourguignons (l)est de- vancé de plus de trente ans. Le Menagiana de La Monnoye ne parut, en effet, comme je l'ai dit, qu'en 1713 ; mais il est juste d'ajouter qu'il était sur le chantier depuis long- temps. Dès l'année 1693, Bayle écrivait à l'abbé Nicaise « Le Menagiana corrigé sur les avis de M. de La Monnoye, sera quelque chose de bon. Personne ne pénètre comme lui les fautes les plus imperceptibles, » (Lettre 115. ) Le passage cité ne peut donc être antérieur à 1682, puisque la pre- mière édition dont parle Bayle 'est de 1693. —Du reste, La Monnoye nous apprend lui-même, dans une lettre du 6 d'octobre 1715, la date de sa traduction de la première des lettres de Politien, insérée à la fin du premier volume du Menagiana, et qui s'y trouve précédée d'un avis où il semblait promettre une traduction entière de cette corres- pondance, accompagnée de ses commentaires. Un savant de ses amis lui ayant demandé si ce projet serait bientôt exécuté, voici ce que M. de La Monnoye lui répondit à la date ci-dessus rapportée : « Vous n'êtes pas le seul, mon- sieur, qui m'ait demandé si j'ai traduit et commenté toutes les lettres de Politien? Je le voudrais bien. Ceseroitun ouvrage de conséquence, que dans un âga aussi avancé qu'est le mien, je ne suis plus en état d'entreprendre. Ce fut un peu avant mon départ de Dijon, que je traduisis et (1) La Monnoye, né en 1641, fui à la fois, poète, critique et philolo- gue. On estime surtout ses Noëls, qui ont fait l'objet d'une notice de M. Miguard, en 1856. Ils sont écrits dans le patois bourguignon et furent publiés pour la première fois en 1701, sous le nom de Guy Barozai.