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                      ARABES ET KABYLES.                    43

 ment énorme où aboutissent toutes les voies de la cité.
 Les archéologues diffèrent d'opinion sur le but qu'avaient
 ces constructions immenses, dont l'importance est dou-
 blée par leur situation topographique.Les uns en font des
 temples, oubliant que les temples anciens ne contenaient
 que les idoles et nullement les assistants, qui restaient au
 dehors. D'autres, plus avisés, en ont fait des basiliques,
 où la parole des apôtres se pouvait faire entendre à un
 auditoire nombreux; mais alors, comment expliquer ces
 dédicaces aux empereurs mêmes qui ont le plus persécuté
 les chrétiens? Des prétoires? des agoras? mais quelques-
 uns ne sont éclairés que par de rares fenêtres ; il faut de la
 lumière aux luttes oratoires.
    Quel était donc le rôle de ces édifices qui semblent résu-
 mer la ville entière?
    C'étaient des magasins à blé. Les Romains ne deman-
 daient que du .blé à leur colonie africaine. Toute l'organi-
 sation administrative était faite à ce point dé vue; on
 laissait à chaque province ses usages, ses mœurs, ses
 habitudes, ses dieux ; on envoyait des légions de vétérans,
 non pour combattre, mais pour cultiver, créer la pro-
 priété, construire les villes, bâtir les aqueducs, frapper
 la monnaie indispensable aux transactions, pousser les
 indigènes à l'activité qui produit. De la sorte, le peuple
.conquis devenait riche et heureux malgré lui. Pas de
 tributs, pas d'impôts, pas de réglementations, pas de con-
 versions plus ou moins volontaires! Faites ce que vous
 vqudrez, disaient les Romains aux Africains, mais donnez-
 nous du blé.
    Cette prospérité a duré longtemps. Même après l'inva-
 sion des Vandales, même après la conquête des lieutenants
 de Mahomet, la richesse et l'abondance, le travail et les
 arts, l'activité commerciale et le goût de la production
 ont continué à régner en Afrique.
    Mais avec les Arabes étaient venus les nomades. Les
 pasteurs, qui avaient été refoulés par la civilisation ro-