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44 ARABES ET KABYLES. maine jusque sur les confins du Sahara, s'enhardirent à se rapprocher des pays cultivés. Les immenses forêts, qui dominaient les crêtes montagneuses, conservaient les sources, assainissaient le pays, furent brûlées afin de dé- truire les bêtes fauves qui s'attaquent aux troupeaux, et aussi pour créer des pâturages nouveaux. Les eaux des pluies d'hiver, au lieu de créer des sources rafraîchissantes et des rivières utiles à l'irrigation, devinrent des torrents dévastateurs, qui, se déversant dans les plaines fertiles, ne tardèrent pas à les transformer en marais insalubres. Les cultivateurs, chassés des lieux bas, harcelés par les Bédouins, se réfugièrent dans les montagnes et entrepri- rent la culture de pays escarpés. Ils fortifièrent leurs champs et devinrent guerriers indomptables. C'est dans la Kabylie que l'on trouve les restes de ces peuplades actives et laborieuses que les civilisations de l'Asie et de l'Europe avaient formées, et qui conservent avec un soin jaloux, dans un pays inaccessible, le culte de la sainte agriculture. ' On le voit, si ces tribus indépendantes représentent les premiers habitants de la partie du monde qui nous occupe, elles représentent aussi la plupart des conquérants de l'Afrique jusqu'à l'invasion mahométane. La variété des types qu'ony rencontre, malgré cette uniformité de rudesse que donne le travail de la terre, indique bien la diversité de leurs origines. Avec des provenances aussi différentes, les Kabyles ont dû former des tribus très-distinctes, aussi ont-elles toutes un chef particulier et se font-elles gloire de ne jamais s'allier avec les autres nations. Ces farouches cultivateurs ont, de tout temps, été très-. • mal connus dos voyageurs. Avant la conquête française, Poiret écrivait : « Je ne serais pas éloigné de croire qu'il « y a parmi eux des antropophages, tant ils sont affa- « mes et avides dfe sang humain. Personne n'ose pénétrer « dans les gorges de leurs montagnes. » Et pourtant, Ã