Revue du Lyonnais » série 1 - n°4 ( 1836 ) » pp.507

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leurs; il en est qui, finissant les accessoires avec une patience
de Bénédictins, croient avec cela pouvoir se passer de dessiner.
A peine jugent-ils nécessaire de savoir indiquer les plans d'une
tête ou faire une main, c'est de tous ces partis pris qu'il nous ar-
rive des tableauxcomme ceux de M. Jacquand. Je comprends
bien qu'en traitant un sujet comme celui d'une scène de la
F r o n d e , de Blanche de B o u r b o n , on se sente entraîné à re-
p r o d u i r e ^ parfaire tous ces jolis détails de sculpture, de
meubles, de costumes; mais n'est-il pas déplorable que cet
excès de rendu soit poussé au point de faire oublier le prin-
cipal ?
    M. Jacquand a des fonds , charmants de couleur et d'adres-
se ; mais ils ne servent qu'à faire ressortir des figures mal
dessinées et sans mouvement. Ou louera p e u t - ê t r e cette
cuirasse, cette botte d'un fini parfait, mais on se demande
si cette jambe marchera; on admirera la patience avec la
quelle l'étoffe de cette robe est faite, mais cela ressemble à
du cuivre relevé en bosse. On rendra avec un soin m i n u -
tieux les fils d'un tissu, les clous d'un m e u b l e , et on ne s'in-
quiète pas de figures groupées comme des mannequins dont
les dessus seuls sont dessinés, et auxquels anatomiquement
parlant, il serait impossible d'exécuter le mouvement qu'on
leur prêle.
    Cominges à la Trappe nous paraît une composition froi-
de et terne; malheur dont toute l'accusation doit retomber
sur M. Jacquand. Eminemment dramatique le sujet était
bien choisi, mais il n'aurait pas fallu le rendre dans un
système d'arrangement et de couleur maniéré et mesquin ;
toutes ces têtes de religieux qui demandaient un dessin ferme
et vigoureux, ces vêtements qui se prêtent si bien aux har-
diesses de la brosse et aux variétés des lignes, sont faits dans
le même esprit qui a présidé à la confection, je devrais dire
à la perfection du fauteuil qui occupe l'œil à lui seul dans
le tableau de Cinq-Mars. Nous regrettons sincèrement que
victime de MM. Revoil et Richard. M. Jacquand n'ait pas eu