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462 nombreuse ^ que le jour entier s'écoulait en ces augustes cérémonies, et tandis que les assistants et ceux qui l'aidaient à ce saint ministère pliaient sous le poids de la fatigue et du labeur, chez lui rien ne trahissait la lassitude ou l'ennui, rien n'altérait la paix de son visage ni l'admirable sérénité de ses traits. C'était un des caractères distinctifs d'Anselme que cette douceur, cette égalité d'ame, qui se reflétaient avec bonheur sur une physionomie pure et presque céleste. Sa bonté le fit chérir des Lyonnais et de tous ceux qui eurent la conso- lation de le voir de p r è s ; il ne dédaignait pas de visiter les particuliers , et plus d'une famille pieuse le vit descendre paternellement sous son toit. On comprend aisément la con- fiance que durent inspirer au peuple et son abord facile et la haute idée qu'on s'était faite de sa vertu. Eadmer, dont la sagesse en pareille matière est reconnue par des écrivains non suspects, Eadmer raconte plusieurs miracles qu'il dit avoir vu de ses yeux. Nous en supprimons les détails. Il n'est pas aisé de concevoir comment Anselme put con- cilier tant de travaux, quatre ou cinq petits voyages qu'il fil à V i e n n e , à Cluny, à Marcigny, à la Chaise-Dieu , avec la composition de divers ouvrages qu'il faut rapporter au m ê m e temps. Le premier a pour titre: De la Conception de la Vierge et du péché originel ; la précision et la clarté nous y semblent réu- nies à l'élévation des pensées. Anselme y fait rarement usage de la tradition : c'est un traité de métaphysique sacrée. I l y enseigne (1) qu'une vierge choisie pour être la mère du Verbe devait avoir une pureté et une sainteté telles qu'on n'en peut imaginer de plus grandes après celles de Dieu. C'é- tait bien là jeter le germe de la doctrine de l'Immaculée Conception, enveloppé déjà dans les divines Ecritures et l'en- seignement des Pères. (1) De Concept, virg. cap. 18, page 103,