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 nombreuse ^ que le jour entier s'écoulait en ces augustes
 cérémonies, et tandis que les assistants et ceux qui l'aidaient
à ce saint ministère pliaient sous le poids de la fatigue et du
labeur, chez lui rien ne trahissait la lassitude ou l'ennui,
rien n'altérait la paix de son visage ni l'admirable sérénité de
 ses traits.
    C'était un des caractères distinctifs d'Anselme que cette
douceur, cette égalité d'ame, qui se reflétaient avec bonheur
sur une physionomie pure et presque céleste. Sa bonté le
fit chérir des Lyonnais et de tous ceux qui eurent la conso-
lation de le voir de p r è s ; il ne dédaignait pas de visiter les
particuliers , et plus d'une famille pieuse le vit descendre
paternellement sous son toit. On comprend aisément la con-
fiance que durent inspirer au peuple et son abord facile et
la haute idée qu'on s'était faite de sa vertu. Eadmer, dont la
sagesse en pareille matière est reconnue par des écrivains
non suspects, Eadmer raconte plusieurs miracles qu'il dit
avoir vu de ses yeux. Nous en supprimons les détails.
   Il n'est pas aisé de concevoir comment Anselme put con-
cilier tant de travaux, quatre ou cinq petits voyages qu'il fil
à V i e n n e , à Cluny, à Marcigny, à la Chaise-Dieu , avec la
composition de divers ouvrages qu'il faut rapporter au m ê m e
temps.
   Le premier a pour titre: De la Conception de la Vierge et du
péché originel ; la précision et la clarté nous y semblent réu-
nies à l'élévation des pensées. Anselme y fait rarement usage
de la tradition : c'est un traité de métaphysique sacrée. I l
y enseigne (1) qu'une vierge choisie pour être la mère du
Verbe devait avoir une pureté et une sainteté telles qu'on
n'en peut imaginer de plus grandes après celles de Dieu. C'é-
tait bien là jeter le germe de la doctrine de l'Immaculée
Conception, enveloppé déjà dans les divines Ecritures et l'en-
seignement des Pères.


  (1) De Concept, virg. cap. 18, page 103,