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      le pont Morand. Dubois-Crancé n'en lente point l'allaque. Le
      bombardement lui paraît un moyen plus sûr et plus terrible.
      Quelle joie pour le cœur du conventionnel, de faire pleuvoir
     dans la nuit les bombes et les boulets rouges sur le magnifi-
      que quai Saint-Clair, rempli de ces magasins et de ces ate-
     liers qui ont valu tant de trésors à la France! Il bat des mains
     chaque fois qu'il voit le feu prendre , il s'exagère le dommage
      des assiégés , se peint leur désolation, croit entendre leurs
      gémissements et jouit en espoir du beau jour où il pourra
      écrire à la convention : Lyon n'est plus. Le lendemain il s'é-
     tonne de trouver les Lyonnais plus ardents au combal et in-
     vincibles sur leurs redoutes. Il recommence l'incendie ; même
     immobilité. Les assiégés semblent s'habituer à ce fléau ; mais
     ils ont appris , sinon à le détourner, du moins à l'affaiblir ;
     Ils garnissent leurs toits de malelats , de laine, de toutes les
     matières qui peuvent amortir les bombes (1). Les femmes
     ont appris à suivre dans les airs la direction de l'effrayante
     parabole ; elles indiquent aux pompiers l'édifice de la maison
     qui va bientôt appeler leur secours. Tandis que les uns veil-
     lent, les autres se reposent de leurs fatigues au bruit des
     bombes, des boulels rouges et des obus. Ces terribles ma-
     chines deviennent funestes aux assiégeants eux-mêmes ; les
    canons échauffés éclatent dans leurs rangs ; les soldats s'impa-
    tientent d'avoir tant à craindre de leurs instruments de dé-
    fense : Dubois-Crancé et ses collègues ne cessent de recourir
    aux bombes avec une effroyable profusion. Par des intelligen-
    ces qu'il s'est ménagé avec les forcenés dont Chalier avait di-
    rigé les fureurs,il apprendà connaître, à des signaux convenus,
    les édifices qu'il importe de livrer aux flammes , et bien sou-
    vent ces perfides citoyens viennent eux-mêmes propager l'in-
    cendie. Ainsi vers les derniers temps du siège , fut consommé
    l'arsenal, si précieux pour la défense de la ville. Un autre

       (1) On étendit des couches de fumier dans presque toutes les rues, et des
    Guves remplies d'eau furent placées de distance en distance. Voir, la 17 e
    livraison de la Revue du Lyonnais.




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