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265 comme délivrés , non par la fortune, mais par l'héroïsme, de la tyrannie la plus avilissante et la plus meurtrière ! Il est vrai que bien des familles pleuraient ce triomphe ; mais la bienfaisance publique consolait les veuves, dotait les or- phelins. Les blessés s'enorgueillissaient de leurs souffrances : on eût dit que la victoire les guérissait. Trop heureuse cette cité > si elle eût pu communiquer quelque étincelle de son courage à celte ville de Paris, depuis long-temps esclave, où se décidaient les destinées de la France ! Mais, le 2 juin , Paris connut le beau combat des Lyonnais, et Paris tout armé livra à deux mille brigands les seuls orateurs qui pus- sent encore briser le joug commun. La nouvelle de cette infâme journée vint corrompre la joie des Lyonnais. Tous c o m p r i r e n t , en apprenant le triomphe de Robespierre et de M a r a l , féroces patrons de Chalier, qu'un combat qu'ils avaient cru décisif n'était que le prélude des combats qu'ils auraient à soutenir, et tous se résolurent à un avenir de souffrance et de gloire. Cependant ils n'étaient coupables d'aucun crime envers la Convention, si quelque ombre de justice, d'humanité et de prudence restait encore à cette assemblée. Ils n'avaient voulu se défendre que d'un massacre prémédité. Pas un cri tle vive le roi! n'avait échappé au cœur des royalistes, tant ils craignaient de troubler la concorde. Au bout de quelques h e u r e s , ils avaient rendu la liberté aux deux représentants du p e u p l e , Gauthier et Wiochc , qui avaient uni leur cause à celle de Chalier. Ceux-ci, dans une lettre à la Convention, venaient de rendre justice à la modération des vainqueurs. L'humanité des Lyonnais s'était étendue jusqu'aux blessés d'un parti dominateur ; en leur prodiguant des s o i n s , ils avaient porté du secours à leurs familles. Ils accueillaient avec assez de fierté, mais sans insulte, de nouveaux commis- saires de la Convention , tels que Robert Lindet, qui ne pou- vait s'empêcher d'honorer des rebelles de ce genre, au moins tant qu'il restait en leur pouvoir. Mcnapcs d'un prochain