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 Quand le sang inondait cette ville éperdue}
 Quand la bombe et le plomb, balayant chaque rue,
Mêlaient leurs cris aux cris des tocsins effrayés;
Quand l'incendie avide, aux longs bras déployés,
Etreignait dans ses nœuds les enfants et les pères,
Refoulés sous leurs toits par les feux militaires;
 Quand, détruisant l'abri des caveaux ébranlés,
Pressant d'un pied cruel les combles écroulés,
La mort disciplinée el savante au carnage,
Etouffait lâchement le vieillard, le jeuue âge,
Et la mère en douleurs près d'un vierge berceau,
Dont les flancs refermés se changeaient en tombeau;
J'étais là! j'écoutais mourir la ville en flammes ,
J'assistais , vive et morte , au départ de ces ame9
Que le plomb déchirait et séparait des corps ;
Fête affreuse où tintaient de lugubres accords !
Les clochers haletants, les tambours et les balles ,
Les derniers cris du sang répandu sur les dalles ,
C'était hideux à voir ! et toutefois mes yeux
Se collaient à la vitre et cherchaient par les cieux
 Si quelque ame visible , en quittant sa demeure ,
Planait sanglante encor sur ce monde qui pleure.
J'écoutais si mon nom, vibrant dans quelque adieu,
N'excitait point ma vie à se sauver vers Dieu ,
Mais le nid, mes amours!... mais le soldat farouche ,
Ilote outrepassant son horrible de voir,
Tuant jusqu'à l'enfant qui regardait sans voir,
Et rougissant le lait encor chaud dans sa bouche !
Oh! devinez pourquoi dans ces jours étouffants,
J'ai retenu mon vol aux cris de mes enfants.
Devinez, devinez , dans cette horreur suprême,
Pourquoi, libre de fuir sous le sanglant baptême,
Mon ame qui pliait dans mon corps à genoux,
Brava toutes les morts qu'on inventait pour nous.
Depuis , j'ai renfermé , comme en leur chrysalide,
Mes ailes, qu'au départ il faut étendre encor,
Et l'oreille penchée à votre hymne limpide ,
Je laisse aller mon ame en ce plaintif accord.
                                   M me VALMOHE.