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163 et tournois. Un jour ce prince jouait avec beaucoup d'ardeur à la paume dans l'enceinte d'Ainai. C'était dans les fortes chaleurs ; la sueur ruisselait sur ses membres ; il eut soif et demanda un verre d'eau fraîche que Monte-Cuculîi, son échan- s o n , lui apporta. On dit que le dauphin se trouva subitement - incommodé ; ce qu'il y a de certain, c'est que quatre jours après il mourut à Tournon. Il y eut de tous côtés une rumeur générale: les uns pré- tendirent que celle mort était due à une pleurésie, les au- tres qu'elle était l'effet du poison. Monte-Cuculli fut a r r ê t é , j u g é , condamné, et c'est aujourd'hui que la sentence s'exé- cute. — Vous direz ce que vous voudrez , père Renouard, mais à la place de messieurs de la justice je n'aurais pas condamné cet homme. —Vous auriez eu ma foi, bien tort, maître Nicolas, et il n'y a pas quinze jours que j'ai entendu dire au prêche qu'une mort subite de prince ne peut être guère que le résultat d'un em- poisonnement. Il est sûr qu'on n'a pu s'enquêter du fait à l'égard du dauphin , mais on a , dit-on , des raisons de croire que Charles-Quint n'est pas étranger à cette m o r t , et dès lors le seigneur Sébastiano Monte-Cuculîi ne pouvait guère être que son complice. — Ainsi, parce que le dauphin s'est donné une pleurésie, dont il esl m o r t , il faut que l'on trouve un coupable? — Ecoutez d o n c , c'est assez juste , et nous ne savons p a s . . . Mais tenez, tenez , voilà l'arrêt affiché, essayons d'appro- cher. Eh '. dites donc , Grégoire B u r g e t , vous qui êtes sa- vant comme un père de l'église, lisez , s'il vous plaît ,1a pan- carte tout h a u t , nous sommes ici prins comme des anchois; au moins chacun pourra entendre. Grégoire Burget lut ce qui suit : « Vu le procès criminel à rencontre du comte Sébastiano « de Monte-Cuculli, interrogatoires , confessions , recole- « ments , confrontations, certain livre de l'usance des poisons