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302 dans lequel les riches les avaient retenus si long-temps, en s'appropriant tous les fruits de leurs travaux et de leur indus- trie. Les propriétaires furent signalés au peuple comme les usurpateurs de son bien; il finit par l'inviter à rentrer dans ses droits, en dépouillant les propriétaires; et lorsque le décret sur la distribution des maisons des riches aux pauvres fut devenu public , il leur persuada que la démolition des édifices était un moyen certain de parvenir à cette sainte égalité, qui est la base de la liberté. C'est ainsi que les représentants proclamaient ce système agrairieu , conçu par les comités et la Convention, pour assurer leur despotisme par la main même du peuple. C'est ainsi qu'en offrant à l'indigent, fatigué d'une longue m i s è r e , l'illusion enchanteresse d'une égalité future d'opu- lence et de b o n h e u r , ils achetaient ses bras et sa force pour la ruine et l'extermination des Français, qu'ils enchaînaient par de chimériques espérances les remords de la multitude égarée, l'entraînaient des égarements aux crimes, et lui firent bientôt un besoin de la férocité. Le même système s'étendait du Midi au Nord, et Paris était comme un gouffre central où s'engloutissaient les victimes d'élite, et comme un modèle des principes de dépopulation, offert au reste des départements pour encourager et activer les exécutions et les massacres. Les prédications agrairiennes de Javogues ne furent que trop bien entendues, et ses affreux succès sont imprimés en caractères ineffaçables sur les murs el sur les ruines de cette ville infortunée. L y o n , comme toutes les autres communes de la républi- q u e , avait, sans doute, des royalistes dans son sein; mais on y comptait en revanche une foule d'excellents républicains. Les représentants , on le sait, ne désiraient pas en t r o u v e r ; ils trouvèrent même un moyen de créer des suspects de roya- lisme , en affichant « que quiconque laisserait paraître sur « son visage la moindre apparence de tristesse, serait déclaré