Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                              399
paysagiste ne pourrait même inventer. Les collines sont en-
core ornées , sur quelques points., du chêne, ce roi des forêts,
qui est né gaulois.
    Mais l'œil du spectateur se reporte sans cesse sur la déli-
cieuse vallée orientale et méridionale qui forme la ceinture
de ce magnifique tableau. L à , le paysage change à chaque r e -
gard et toujours il se renouvelle aussi b e a u , en se variant à
l'infini. La Saône qui coule dans cette vallée, entre de beaux
 sites et de gracieuses collines , le long des villages et sous des
 ponts suspendus en fil de fer qui unissent la double rive.,
 semble par ses détours multipliés vouloir toucher à tous ces
 lieux charmants; ses eaux embrassent de leur douces caresses
 une multitude de petites îles couvertes de verdure, qui dé-
 robent par moment la vue du fleuve. La nature et l'art
 ont prodigué à cette vallée toutes leurs richesses. La Saône
 n'y coule plus dans la solitude , et le castor ne bâtit plus
 ses digues et ses cabanes aux bords de ses flots naguère si-
 lencieux; l'aspect en est au contraire fort animé. Des chemins
 s'étendent sur chacune de ses rives qui présentent l'image du
 mouvement perpétuel; ici ce sont des flottilles de grands b a -
  teaux rebroussant le fleuve, traînées par de forts chevaux ou
 remorquées par de jolies gondoles ; l à , de petites barques pas-
  sant à pleine voile, et des milliers de bateaux pêcheurs qui
  parcourent nuit et jour la plaine liquide, sur laquelle aussi
  on aperçoit des nacelles parfumées de fleurs, parées de leurs
  voiles et banderolles flottantes; elles s'ouvrent un chemin
  à travers de petites îles couvertes d'arbres dont les feuillages
  effleurent l'eau. On voit accourir des enfants nageant et es-
  cortant, comme des Triions, ces charmantes nacelles qui r e -
  tentissent dépliants joyeux. D'élégants navires , mus par la
   vapeur, y pressent ses oncles, qu'ils sillonnent majestueuse-
  ment avec la rapidité du trait, laissant traîner après eux une
   colonne de fumée qui s'évanouit bientôt comme une o m b r e ;
   la vague étonnée vient effacer aussitôt la trace qu'ils ont im-
   primée en passant, et la Saône reparaît telle qu'elle fut aupa-