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400 rayant. Du haut des galeries de ces kiosques ou palais flottants, on admire les horizons des deux rives que les riches et fer- tiles coteaux décorent tout à la fois des plus jolies cultures et des plus gracieux bocages. Ici, ce sont de hardis rochers dont les pointes percent la colline du milieu des bosquets de •verdures. Là , ce sont des jardins avec leurs terrasses qui sem- blent suspendues; d'un c o t é , on rencontre un village sur la rive ou sur la pente d'un coteau, et sur quelques points, on en trouve plusieurs en regard sur les deux cotés de YArar (1) ; de l'autre, une suite de jolies maisons de plaisance, formant un coup d'œil varié. De toutes parts régnent des murmures indéfinissables, c'est un changement perpétuel de sites qui s'offrent aux regards de celui qui glisse sur cette onde tran- quille poussé par les zéphyrs ;, les rivages fuyent, serpentent, s'élargissent^ seressèrent. Quelle diversité dans ces paysages! chaque site forme un tableau à p a r t , chaque point de vue se dislingue par quelque chose qui lui est propre , et tous ces paysages , qui semblent se détacher et qui apparaissent chacun comme dans un cadre, font de ces deux rives une immense galerie de tableaux charmants qui se succèdent comme des décorations à l'Opéra , depuis Trévoux jusqu'à Lyon. Plus b a s , une merveille de la nature s'offre brillante de parures à tous les regards : c'est Vile-Barbe, cette reine de la Saône. Elle s'éleva un jour du milieu des flots a p - privoisés, belle de verdure, de fraîcheur et de solitude; elle semble être au milieu d'un lac des montagnes de Genève, tant est lente la fuite de cette rivière qui embrasse du replis de ses ondes caressantes, ses bords gracieux (2). Elle appa- raît couverte de maisons élégantes, qui disparaissent pour (1) La Saône était appelée Ârarau temps de César. (2) Pline parle de la lenteur de son cours (Hist. naturelle, III, 4 ) , qui, selon César, est telle qu'il est difficile de juger de quel côté elle coule ; ce qui a fait dire à Racine le fils : Où la Saône enchantée à pas \ents se promène , N'arrivant qu'à regret au Rhône qui l'entraîne. ( P O È M E DE I , \ RELIGION, chant !\, T>S% i\ 549)-