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   Le Mont-d'Or est un groupe de trois monts, entassés l'un
sur l'autre, presque en forme pyramidale, dénommés : le
Mont-Cindre, le Monthout et le Mont-Verdun: le premier offre
l'image d'un plateau: le second, celle d'une dent: et le troi-

méme , du moins à la couleur jaunâtre ou rougeàtre que la terre y a eu plu-
 sieurs endroils *.
    D'autres , et le plus grand nombre , en fout remonter l'origine à l'anecdote
 suivante ** :
    Un Gaulois, nommé Licinius, né au pied de la montagne de Tarare, pri-
sonnier des Romains pendant la guerre de l'indépendance, avait été esclave,
puis affranchi de Jules-César. Auguste le chargea de l'intendance de cette
province des Gaules, parce qu'il connaissait bien le pays, et qu'il était lia-
bile dans la science fiscale. Sa conduite , à l'égard de ses compatriotes, fut
pleine d'arrogance et d'inhumanité. Entouré d'une petite cour à Lugdunum,
il opprimait insolemment le pays***; ses extorsions s'élevèrent à un point d'au-
dace presque incroyable, il suffira d'en faire connaître un seul trait. Comme les
 tributs, auxquels César avait assujetti les Gaulois, se levaient et se payaient
par mois , il imagina une nouvelle division du temps, et profitant du change-
ment de nom que la flatterie avait fait subir aux deux mois de juillet et d'août,
consacrés à Jules-César et à Auguste, il fit son année de quatorze contributions
au lieu de douze. «Décembre, disait-il, est bien comme son nom l'indique ,
le dixième mois. » Il en ajoutait, en l'honneur de l'empereur, deux autres
qu'il appelait onzième et douzième. Une immense fortune , acquise de la sorte,
lui fournit bientôt les moyens d'acheter la plupart des collines qui s'étendent
entre Lyon et Anse, depuis les bords de la Saône jusqu'au sommet de Tarare.
Un cri général d'indignation élevé contre Licinius parvint jusqu'à Auguste.
Cet empereur, arrivé à Lyon , l'an de Rome 739, y reçut de toutes parts
de nouvelles plaintes. Il ne sut que répondre : il condamnait en partie, et
en partie excusait son intendant, feignait d'ignorer certains faits., et de
ne pas ajouter foi aux autres, houleux qu'il était d'un tel ministre, mais,
n'osant pas avouer hautement ses infamies. Cependant tout annonçait à

  * Colonia , t. i , p . 77,
  "** Dion Cass. L. 54; —• Ménestrier , hist. de Lyon; — Amédée Thierry, hist.                des
Gaulois, 5* partie , I e r livre; — Fortis , voyage à Lyon , chap, 5-j ; Glerjon , hist, de Lyon,
l r e partie , livre 8 e , etc.
  * Il RÉGNAIT , pour employer l'expression de Sénèrrue ; (LuGBUNl) MULTOS ANNOS REGNAVIT.
(Apokolokintotis, ou satyre composée contre l'empereur C l a u d e ) .