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352 leurs que ce jour était marqué pour l'exécution des complots, s'assemblèrent à un quartier-général. Dès huit heures du matin , les commissaires , instruits du rassemblement, se rendirent au lieu où il était indiqué, avec un membre de chaque adminis- tration , pour leur porter des paroles de paix et d'union ; d'un autre côté , la commune avait assemblé un assez grand nombre de ses partisans, avait fait hérisser de canons la maison commune avec un appareil formidable. Nous ne vous dissimulerons pas que l'administration en général était dé- signée pour la première victime de la Municipalité, et que, par une con- tradiction aveugle, les administrateurs ne purent se rendre à leur poste, la consigne ayant été donnée de n'en laisser entrer aucun. Forcés par cette fatalité de nous réunir individuellement auprès de notre président, nous délibérâmes en commun que, quoique repoussés du lieu de nos séances, nous ne devions pas abandonner la chose publique dans son danger; que nous devions veiller à tous les mouvements pendant que les députés feraient aux citoyens la proclamation de la paix. Nous nous réunîmes en conséquence a l'administration du district de la ville. À peine arrivés dans son sein, nous entendons le bruit d'un canon et d'une mousqueterie prolongés pendant quelques minutes. Bientôt après on nous rapporte que le bataillon de la section de Brutus, qui s'était présenté sur la place des Ter- reaux, près de l'hôlel-commun, en conséquence d'une réquisition, avait été assailli par une décharge d'artillerie et de mousqueterie qui tua ou blessa une trentaine de citoyens. Dans ces entrefaites, une quantité de citoyens annoncent aux administra- tions qu'elles courent de grands dangers dans le local qu'elles occupent; par ces considérations, les administrations se rendent à l'Arsenal, où elles sont bientôt après investies d'une force imposante qui garantit leurs délibérations. Dans l'intervalle de cette translation les administrations apprennent que les citoyens en étaient venus aux mains. Le premier usage qu'elles firent de leurs pouvoirs fut de faire une proclamation et d'engager tous les citoyens à cesser le combat et à se retirer; mais l'action était entamée, les autorités constituées ne furent point entendues. Dans ces circonstances, quelle était la source des divisions? quel était le remède à y apporter? De toutes parts on annonçait que la Municipalité avait perdu la confiance. Depuis long-temps elle était dénoncée dans l'opinion publique, comme coupable de prévarication et d'actes arbitraires. Le matin même elle avait fait tirer le canon et la mousqueterie sur des citoyens qui s'étaient rassemblés sur ses réquisitions. Le sang des citoyens coulait, on était sur le point d'en verser encore ; l'armée des sections avait atteint la maison-