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326 au bord du R h ô n e , ou ils le précipitaient. Ceux qui se por- tèrent d'abord à ces excès se rappelèrent de la lettre de Ron- sin aux Cordeliers de Paris, qui leur annonçait que le Rhône irait porter dans la Méditerranée l'épouvante aux fédéralistes, avec les débris des conspirateurs de Lyon. Les citoyens de celle ville regardaient froidement traîner les cadavres; ils ne voyaient que la disparition d'un de leurs assassins; plusieurs d'entre eux encourageaient cette jeunesse impétueuse. Mais , hélas ! faut-il le dire ? l'homme se dégrade aux yeux de la nature en voulant imiler les scélérats qui trempent leurs mains dans le sang. Ajoutons que plusieurs voleurs se mêlèrent parmi ces prétendus vengeurs, et beau- coup de malheureux ne furent massacrés que pour être plus aisément dépouillés. Les tueurs se portèrent chez le nommé Richard , m a r - chand de tableaux , rue Saint-Dominique ; ne le trouvant pas, ils s'emparèrent de sa fille , âgée de dix-sept ans , la conduisi- rent en prison où elle fut massacrée. La femme Tabau, en l'absence de son mari , fut égorgée. La femme Jouve , jacobine , l'une des furies de la Terreur , et la femme J a c o b , éprouvèrent le même sort. Us se trans- portèrent chez la citoyenne Roux, marchande de m o d e s , la firent sorlir dans la rue , et lui brûlèrent la cervelle à la porte même de sa boutique. Roux, officier m u n i c i p a l , La- fage, Fomex (l),13orgeret elRobas furent aussi massacrés dans différentes circonstances. Beaucoup de bons citoyens représentèrent à plusieurs de ces jeunes gens l'horreur de leur conduite. « Vous ne vous « rappelez donc pas , reprenaient-ils, la manière atroce avec « laquelle ils ont assassiné et mitraillé nos frères, ils les « conduisaient même à la mort au son de la m u s i q u e . . . — •c Vous dites vrai, leur répondait-on, mais ceux sur lesquels « vous vous vengez ne sont pas les plus coupables. C'est la (1) Au lieu de Fomex , il faut peut-être lire Ferncx. A.