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 « Convention nationale qui, la p r e m i è r e , a ordonné l'horrible
 « boucherie de nos citoyens. Mes avis ne doivent pas être
 « suspects, ajoutait un citoyen avec l'accent de la plus vive
 « sensibilité, puisque j'ai perdu mon père et mes deux frères,
 « puisque moi-même je ne dois mon salut qu'à la fuite; je
« ne voudrais cependant pas souiller mes mains du sang de
« mes assassins : je me repose sur la justice divine, qui tôt
« ou tard fait tomber sa verge de fer sur les coupables. »
A ces mots, un jeune homme, comme agité par ses remords,
s'écrie : « Oh! si j'avais eu le bonheur de vous entendre plu-
ie tôt, je n'aurais pas à rougir aujourd'hui de bien des crimes ;
« o u i , rougir! A chaque expédition où je me suis trouvé, j'ai
« éprouvé un frissonnement que je ne puis exprimer ; je
« n'étais point né pour être un assassin, pour m'allier à cer-
« tains hommes q u i , sans d o u t e , n'agissent pas comme moi
a par désespoir, qui de sang-froid passent d'un massacre à
« une orgie, et q u i , dit-on , reçoivent cinq livres par jour. »
Les autres gardèrent un profond silence.
    Désignons les vrais coupables. Si Boisset et Reverchon
avaient parlé en particulier à ces jeunes gens, dont plusieurs,
il faut l'avouer, croyaient exercer une vengeance légitime,
nécessaire ; s'ils avaient tenté de fermer leurs cicatrices avec
le calmant de la morale ; si surtout, avec une généreuse fran-
 chise , ils leur avaient crié : « Arrêtez , malheureux, les hom-
« mes que vous frappez ne sont pas les plus criminels ; ce
« sont nos lois qui armèrent leurs mains ; ce sont nos fureurs
« qui leurs désignaient les victimes ; c'est la Convention qui
« a organisé l'affreux système d'extermination ; ces hommes
« n'ont été que ses instruments aussi vils qu'elle était elle-
« même exécrable. » A ce noble aveu, garant d'un repentir
sincère et d'une prompte réparation de tous les forfaits r é -
volutionnaires, quel h o m m e , assez aveugle dans ses ressen-
timents, n'eût senti le besoin du pardon, n'eût embrassé avec
délice la douce espérance? Mais t a n t d e générosité ne con- .
venait guère à ces t y r a n s , si involontairement-.détrônés par