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  complices de Robespierre , et partirent pour Paris en poste
  dans deux berlines à six chevaux. Ge voyage a coûté près de
  dix raille livres écus à la République.
     Laporte avait également changé , et pour" faire oublier les
  atrocités commises sous les auspices de la Convention et de
  ses c o m i t é s , il rejeta tout sur les terroristes. Boisset , qui
 lui succéda , doit se reprocher les égorgemenls commis dans
 les prisons de Lyon ; il était présent au massacre des p r i -
 sonniers de Roanne. Les assassins disaient : « Nons vengeons
 nos pères , nos femmes , nos femmes, nos enfants; » i l - r é -
 pondait : < Cette vengeance est légitime, mais qu'elle se
borne là. »
    Le régime de la Terreur, qui a couvert toute la France de
 cadavres, semble avoir eu une nuance de férocité de plus
 dans tout le Midi, et surtout à Lyon. C'est dans cette ville
 que les scènes sanglantes commencèrent. Tous les jeunes
 gens qui avaient survécu à leurs pères , leurs frères , leurs
é p o u s e s , leurs a m i s , attendaient le moment de se venger
de tous ceux q u i , au nom des lois assassines , les avaient
privés de ce qu'ils avaient de plus cher ; et ils enveloppaient
dans ce vaste •filet d'une proscription aveugle, tous ceux qui
avaient occupé des places dans les comités révolutionnaires,
les commissions populaires et les municipalités sanguinaires.
L'on fil imprimer une liste in-4° de tous ceux qui avaient fait
quelques dénonciations pendant les horreurs de L y o n , et en
face du nom des dénonciateurs, on lisait sur une colonne
parallèle le nom des personnes dénoncées^ et presque toutes
par suite guillotinées ou fusillées. La publicité de cette liste
eut un effet incalculable ; elle rappelabeaucoup de noms que
l'on commençait à oublier; et, à l'aide de ce funeste mémo-
rial, plusieurs jeunes gens allèrent chez ceux qu'ils croyaient
devoir accuser de leurs malheurs-, les faisaient sortir devant
eux, comme pour aller à la maison c o m m u n e , et les égor-
geaient ou les assommaient par derrière; le cadavre, attaché
 aussitôt à la première voiture qui passait, était ainsi traîné