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325 complices de Robespierre , et partirent pour Paris en poste dans deux berlines à six chevaux. Ge voyage a coûté près de dix raille livres écus à la République. Laporte avait également changé , et pour" faire oublier les atrocités commises sous les auspices de la Convention et de ses c o m i t é s , il rejeta tout sur les terroristes. Boisset , qui lui succéda , doit se reprocher les égorgemenls commis dans les prisons de Lyon ; il était présent au massacre des p r i - sonniers de Roanne. Les assassins disaient : « Nons vengeons nos pères , nos femmes , nos femmes, nos enfants; » i l - r é - pondait : < Cette vengeance est légitime, mais qu'elle se borne là . » Le régime de la Terreur, qui a couvert toute la France de cadavres, semble avoir eu une nuance de férocité de plus dans tout le Midi, et surtout à Lyon. C'est dans cette ville que les scènes sanglantes commencèrent. Tous les jeunes gens qui avaient survécu à leurs pères , leurs frères , leurs é p o u s e s , leurs a m i s , attendaient le moment de se venger de tous ceux q u i , au nom des lois assassines , les avaient privés de ce qu'ils avaient de plus cher ; et ils enveloppaient dans ce vaste •filet d'une proscription aveugle, tous ceux qui avaient occupé des places dans les comités révolutionnaires, les commissions populaires et les municipalités sanguinaires. L'on fil imprimer une liste in-4° de tous ceux qui avaient fait quelques dénonciations pendant les horreurs de L y o n , et en face du nom des dénonciateurs, on lisait sur une colonne parallèle le nom des personnes dénoncées^ et presque toutes par suite guillotinées ou fusillées. La publicité de cette liste eut un effet incalculable ; elle rappelabeaucoup de noms que l'on commençait à oublier; et, à l'aide de ce funeste mémo- rial, plusieurs jeunes gens allèrent chez ceux qu'ils croyaient devoir accuser de leurs malheurs-, les faisaient sortir devant eux, comme pour aller à la maison c o m m u n e , et les égor- geaient ou les assommaient par derrière; le cadavre, attaché aussitôt à la première voiture qui passait, était ainsi traîné