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vention de la France, de laver dans le sang les injures du
comédien de province. Il appelle à Lyon une colonie de bri-
gands , d'assassins , et à leur têle un détachement de l'armée
révolutionnaire de Paris. Il fait des prisons de tous les lieux
qui peuvent répandre une vasle infection; il y entasse par
milliers des victimes de tout âge. Prêt à commencer ses
massacres, il ordonne une fête : c'est l'apothéose de Châlier..
Il y paraît comme le sacrificateur de ce monstre divinisé. Le
tigre pleure : « Chaque goutte du sang de Châlier , dit-il, re-
« tombe sur mon cœur. — Glorieux martyr de la liberté,
« ajoute un autre comédien , D'Orfeuille, compagnon de Col-
« lot-d'Herbois , c'est du sang que nous devons à tes mânes ;
« l'autel que nous t'élevons va bientôt recevoir des libations
« de sang. » Des licteurs sont répandus sur toute la place
pour arrêter ceux qui n'ont pas répondu par des larmes
feintes aux larmes féroces de Collot-d'Herbois. Une guillotine
ambulante suivait celte marche de cannibales.
   La commission temporaire siégeait, jugeait, égorgeait jour
et nuit (1). « Nous expirons de fatigue, disaient cinq juges et le
« bourreau à Collot-d'Herbois. — Républicains, leur disait^
« ils, l'excès de vos travaux n'est pas à comparer à mes veilles.
« Brûlez du même feu que moi pour la patrie, et vous recou-
« vrerez de nouvelles forces. » Tout ce qui restait (pour-
rais-je dire de libre?) à Lyon était forcé d'assister aux exé-
cutions. Une troupe était payée pour lancer vers le ciel
mille cris de: vive la République! quand la victime était frap-
pée. Ceux qui restaient muets ou qui gémissaient étaient con
damnés, les uns à mourir, et les autres, liés à l'échafaud, à re-
cevoir le sang (2).
   Collot-d'Herbois s'indigna de ne pouvoir arracher ni plaintes
ni soupirs à ce reste de héros qu'il égorgeait. Assis sur le

  (1) La commission Mtoofcuioimat'reel non pas temporaire. Celte dernière était
une commission purement administrative.
  (2) Fables que tout cela!