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279 vention de la France, de laver dans le sang les injures du comédien de province. Il appelle à Lyon une colonie de bri- gands , d'assassins , et à leur têle un détachement de l'armée révolutionnaire de Paris. Il fait des prisons de tous les lieux qui peuvent répandre une vasle infection; il y entasse par milliers des victimes de tout âge. Prêt à commencer ses massacres, il ordonne une fête : c'est l'apothéose de Châlier.. Il y paraît comme le sacrificateur de ce monstre divinisé. Le tigre pleure : « Chaque goutte du sang de Châlier , dit-il, re- « tombe sur mon cœur. — Glorieux martyr de la liberté, « ajoute un autre comédien , D'Orfeuille, compagnon de Col- « lot-d'Herbois , c'est du sang que nous devons à tes mânes ; « l'autel que nous t'élevons va bientôt recevoir des libations « de sang. » Des licteurs sont répandus sur toute la place pour arrêter ceux qui n'ont pas répondu par des larmes feintes aux larmes féroces de Collot-d'Herbois. Une guillotine ambulante suivait celte marche de cannibales. La commission temporaire siégeait, jugeait, égorgeait jour et nuit (1). « Nous expirons de fatigue, disaient cinq juges et le « bourreau à Collot-d'Herbois. — Républicains, leur disait^ « ils, l'excès de vos travaux n'est pas à comparer à mes veilles. « Brûlez du même feu que moi pour la patrie, et vous recou- « vrerez de nouvelles forces. » Tout ce qui restait (pour- rais-je dire de libre?) à Lyon était forcé d'assister aux exé- cutions. Une troupe était payée pour lancer vers le ciel mille cris de: vive la République! quand la victime était frap- pée. Ceux qui restaient muets ou qui gémissaient étaient con damnés, les uns à mourir, et les autres, liés à l'échafaud, à re- cevoir le sang (2). Collot-d'Herbois s'indigna de ne pouvoir arracher ni plaintes ni soupirs à ce reste de héros qu'il égorgeait. Assis sur le (1) La commission Mtoofcuioimat'reel non pas temporaire. Celte dernière était une commission purement administrative. (2) Fables que tout cela!