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280 ehar de mort, ils s'embrassaient^ autant que leurs liens pou vaient le permettre (1) ; ils répétaient d'une voix forte et tou- chante un refrain qui les avait souvent transportés du plus noble enthousiasme, durant les jours du siège : Mourir pour la pairie , Ces! le sort le plus beau, le plus digne d'envie. On vit souvent des femmes de condamnés attendre l'heure où leurs époux seraient traînés à l'echafaud, se précipiter vers eux, s'asseoir sur le même char, les couvrir de leurs bai- sers , de leurs pleurs, et partager leur mort. Il y eut des jeu- nes filles qui, pour sauver leurs pères, consentirent à un sa- crifice plus affreux que celui de la vie, et qui furent appe- lées, par les mêmes monstres dont elles avaient pu suppor- ter les embrasseracnls , à venir voir expirer leurs pères ; trait de férocité qui se trouve dans l'histoire de plusieurs pros- criptions. Mais voici des horreurs qu'aucune proscription n'a- vait encore montrées, « Je m'indigne, dit Collol-d'lleibois à ses satellites, de ce « que la vengeance de la patrie soie ainsi morne et silen- « cieuse ; c'est à coups de foudre qu'elle doit frapper ses « ennemis. » La place des Brotteaux (2) est disposée pour un nouveau genre de supplice. Soixante-neuf individus de tout sexe et de tout âge y sont conduits attachés deux à deux (3). Collot- d'Herbois donne le signal. 11 part une décharge de canons à mi- traille : peu de victimes ont obtenu la mort ; les autres, dé- chirés , mutilés , poussent les plus lamentables cris. Des coups de fusils sont tirés sans interruption. Un grand nombre de (1) A Paris, les condamnés étaient conduits à la mort assis sur des charrettes :, à Lyon, au contraire, tous y allèrent à pied. (2) La plaine des Brolleaux et non pas la place. Sir Walter Scott, dans soft Histoire de la Révolution française, a fait la même •jifiBun, (5) Ils étaient soixante, et non pas soixante-neuf. Voir, là dessus, la 17* li- vraison de la Revue du Lyonnais,