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278 reçu l'ordre de son r a p p e l , lorsque Lyon ouvrit ses portes. Couthon , daigna lui permettre d'y entrer ; mais tandis qu'il logeait avec ses collègues dans un palais, il le fit loger dans un galetas délabré. Dubois vint porter à Paris une rage i m - puissante , heureux d'avoir pu sauver sa tête de l'échafaud. La ville de Lyon ne fut point mise au pillage. Il fallait à la cruauté des proconsuls plusieurs mois de massacres et de dévastations. Sur les ruines de cette infâme cité (ainsi parla Barrère au nom du comilé de salut p u b l i c , en annonçant à la Conven- tion que Lyon était soumis), il sera élevé un monument qui fera l'honneur de la Convention, et qui portera pour inscription ce. mot qui dit tout : LÃON FIT LA GUEHRE A LA LIBERTÉ, LYON N'EST vms. Le nom de Lyon fut supprimé par un décret; on l'appela Commune-Affranchie. Une commission de cinq membres y fut établie pour juger révolutionnairement les rebelles; on forma un comilé de séquestre pour s'emparer des biens de la plupart des propriétaires et commerçants, et un comilé de démolition pour y faire abattre leurs maisons. Voici de quelle manière Couthon faisait procéder à celle démolition : on le portait sur la place de Bellecour ou sur le beau quar- tier Sainl-Clair; l'odieux paralytique parcourait successive- ment toutes les maisons, les frappait d'un petit marteau d'ar- g e n t , et prononçait ces paroles, dont à peine on peut con- cevoir la démence : Maison rebelle, je te frappe au nom de la hi. Aussitôt accouraient des ouvriers de destruction; leur nombre alla jusqu'à vingt mille. Les démolitions, continuées pendant six mois , coulèrent beaucoup plus à la république que l'hôtel des Invalides n'avait coulé à Louis XIV. Bientôt des torrents de sang sont versés sur cet horrible amas de décombres. Collol d'ilerbois était animé à la perle des Lyonnais par une haine personnelle : il avait été sifflé dix ans auparavant sur le théâtre de celte ville. La r é v o - lution permettait alors à l'un des dominateurs de la Cou-