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198 Dalembert pensa qu'il fallait demander à son antagoniste une prompte et éclatante réparation. Instruit que le P. Tolo- mas faisait partie de la Société royale de L y o n , c'est devant ce docte aréopage qu'il crut devoir porter ses doléances. Mais la discorde éclata bientôt dans le corps académique: les uns prirent parti pour les encyclopédistes , les autres pour les jésuites, d é t e l l e sorte que Messieurs les membres de la Société royale finirent par ne plus s'entendre. Mais le P. Tolomas se montra le plus sage ; tout en proleslant de son innocence, il n'hésita poinl à faire à ses confrères le sacrifice de son fauteuil, et il se retira d'une société (1) où il ne trouvait plus ni juges ni défenseurs (2). Il nous reste de ce démêlé qui fit alors grand b r u i t , un certain nombre de lettres que l'Académie de Lyon conserve dans ses archives. Nous en publions neuf qui nous ont paru les plus impor- tantes ; de ce nombre, il en est cinq qui furent livrées à l'im- pression en 1755 (3), et qui paraissent avoir été inconnues mie de Besançon: «Vous m'entretenez du démêlé de Dalembert avec le P. To» lomas. Je suis fort amateur d'autographes, et j'ai une lettre de Dalembert qui parle de la harangue latine avec un superbe dédain philosophique, à tra- vers lequel perce le dépit : « Je ne lis point les torche-culs dont vous me « parlez, et je ne donte nullement de toutes les ordures qu'ils contiennent; « la place de toutes ces vilenies est à la garde-robe , et je trouve que vous « faites bien de l'y laisser. » Il paraît que le flegme du philosophe ne l'a pas empêché de négliger la grammaire à l'avant-dernier mot. » (4) Cette société, fondée en 1713, fut réunie , en 1758, à l'Académie de Lyon qui datait de 1700, et dont le P. Tolomas faisait aussi partie. L'Aca- démie ne fut pour rien dans la querelle de ce Père avec Dalembert, de sorte qu'après la réunion des deux compagnies, le P. Tolomas se retrouva parmi ses anciens confrères de la Société royale. (2) Plusieurs membres de la Société, amis ou partisans de Dalembert, avaient déjà donné leur démission pour complaire à l'Encyclopédiste ; de ce nombre étaient l'abbé Audra, chanoine de St-Just, le conseiller Ber- taud et le célèbre malliémalicieu Montucla. (3) In-4° de 6 pages ou 2 fenilles d'impression, sans millésime et sans nom de ville et d'imprimeur. Cet opuscule, qui sort bien certainement des