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159 pour chacune d'elles , des preuves physiologiques et patholo- giques ; des observations aulhenliques et concluantes sou- tiennent et relèvent l'attention fatiguée par la nature même du sujet. Elles montrent admirablement toutes les nuances que peuvent présenter les hallucinés. Ces narrations sombres ou plaisantes , simples ou pompeuses sont reproduites tou- jours avec le style , avec les couleurs qui leur sont propres. compte lui-même de ses visions : « Des étincelles bruyantes sortent de mes yeux , des sifflements horribles déchirent mes oreilles ; J e me suis cru frappé d'épilepsie , et j'aurais craint la perte de la vue , si je n'avais aperçu l'image de la glorieuse vierge Marie , tenant son fils dans ses bras , entourée d'un cercle resplendissant des plus vives couleurs. » — M. le docteur Trolliet nous a communiqué une observation très-re- marquable d'hallucination de l'odorat. « M. P . , âgé de 30 ans , ayant une fortune indépendante , n'avait em- brassé aucune profession ; habituellement mélancolique , sa tristesse avait été portée quelquefois jusqu'au dégoût de la vie ; privé de sommeil, il pas- sait la plus grande partie de ses nuits à lire. Il se présenta à moi, dit M. Trolliet, dans le courant de l'année 1830. Je viens vous consulter! me dit-il , pour une maladie bien affligeante et qui m'oblige à rester isolé ; ma transpiration répand une odeur si désagréable , que tout le monde s'élo'igne de moi , ce qui me peine et m'humilie. Je dois vous avouer que j'ai consulté plusieurs médecins qui ont pensé me consoler, en affirmant que j'étais dans l'erreur; je sens bien que cette odeur existe, puisqu'elle me fatigue conti- nuellement moi-même. Je désire suivre un traitement qui puisse m'en dé- harrasscr. D'après cette manière de s'exprimer , je vis que j'avais a faire à un hypo- condriaque , dominé par une hallucination , et qu'on fuyait en lui, non pas une odeur désagréable , mais sa tristesse habituelle. Je conçus la possibilité de le guérir , je ne cherchai pas à le dissuader de ses illusions , ce qui aurait été fort inutile. Je pris son bras, et après l'avoir flairé plusieurs fois, je lui dis : vous avez raison ; mais il y a un moyen sûr de vous guérir ; il faut provo- quer une sueur assez abondante pour que le principe de cette mauvaise odeur puisse être entièrement expulsé. Le malade m'écoutait attentivement, et pa- raissait goûter fort mon idée. Alors j'ajoutai : allez à la campagne , travaillez vous-même à votre jardin , de manière à déterminer une transpiration journa- lière, et continuez jusqu'à ce qu'elle n'exhale plus aucune espèce d'odeur Mes conseils ayant été suivis, toutes les fonctions se sont peu à peu rétablies-