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M. ARMAND DE PONTMARTIN Nouveaux Samedis. — Souvenirs d'un vieux Critique, — Souvenirs d'un vieux Mélomane. « Le froid qui était au dedans de Scrooge gelait son vieux vi- sage, pinçait son nez pointu, ridait sa joue, rendait sa démarche raide et ses yeux rouges, bleuissait ses lèvres minces et se mani- festait au dehors par le son aigre de sa voix. » C'est ainsi que Ch. Dickens peignait la comique physionomie d'un des types les plus curieux de ses Contes de Noël. Or, n'au- rait-on pas dit, il y a vingt ans, qu'il esquissait sans le vouloir la mine vieillote et boudeuse de certains de nos vieux critiques. Il est même un homme dont il me brûle d'écrire le nom, et que par galanterie je vous laisse le plaisir de deviner. Au rebours de cet illustre confrère, M. de Pontmartin est de- venu vieil homme sans cesser d'être jeune auteur. Depuis long- temps, voilà qu'il neige sur ses cheveux, et il a le talent ou la coquetterie de ne pas s'en apercevoir. Je ne sais pas s'il a gardé ses jambes d'autrefois, mais à coup sûr il a conservé la chaleur de son cœur et l'enjouement de son esprit. Aux gens qui le lu- tinent il sait riposter vertement, et sa canne à pomme d'or n'a pas faibli contre le fer fulgurant de M. Zola. Les arbres de son parc qui se découronnent, ses amis qui disparaissent, les ministères qui se chassent, les mauvais livres qui se succèdent, tout cela lui apporte peut-être bien un peu de mélancolie, mais sans lui prendre DÉCEMBRE 1881. — T. I I . 26