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BENOIT PONGET 105 jour que par les règlements de voirie. A. un moment donné tout le monde veut des escaliers de telle façon, des boutiques de telle façon ; des appartements distribués'de telle façon ; tant d'étages, et de tant de hauteur. Un moment l'on veut des alcôves, un autre moment l'on n'en veut plus. Les ornements des façades sont eux-mêmes une affaire de mode. Il faut plier. Ictinus eût fait des maisons à Lyon il y a quarante ans, qu'elles n'eussent pas différé sensiblement de celles de Poncet. Du reste Poncet bâtissait non en propriétaire « calé », qui veut placer ses fonds à petit revenu, sur un « immeuble » de premier ordre, que l'on montre avec orgueil; il ne bâtissait pas des maisons superbes et durables, comme le père Benoît, mais en entrepreneur qui veut dépenser le moins possible et vendre à bénéfice. Il ne pa- raît pas d'ailleurs que les entreprises qu'il fit alors l'eussent con- duit à une fortune un peu importante. LA R U E CENTRALE Où Poncet put donner sa mesure, ce fut seulement dans le per- cement de la rue Centrale. C'est Savoye qui, le premier, conçut le projet delà rue Centrale, en quoi il ne fit que reprendre le plan présenté par Morand en 1765 à MM. les Prévôts des Marchands et Éehevins, sous le nom de « Nouvelle rue tendante de la place des Terreaux à celle de Louis- le-Grand. » Mais il est probable que Savoye se rencontra avec Mo- rand et qu'il ne connaissait pas le plan de celui-ci. Cette entreprise était la première de ce genre, non pas même à Lyon, mais en France 1 . Que l'on songe à l'audace, à l'esprit d'in- novation en même temps qu'à la sûreté de vues qu'il fallait pour tenter, presqu'au lendemain de la promulgation de la loi de 1841 1 11 iaufc cependant mentionner, avant l'entreprise de la rue Centrale, celle de la rue de la Préfecture, qui fut accomplie dans des conditions encore bien plus diffici- les, puisque même la loi du 3 mars n'existait pas, et qu'aucune expropriation n'était possible. Le promoteur de cette entreprise fut M. Ving'trinier, le père de M. Aimé Ving- trinier, ancien directeur de la Revue du Lyonnais, ni le bibliothécaire dont chacun apprécie le zèle et l'érudition. Dans ces conditions, il était bien difficile de réussir, et la rue de la Préfecture, trop étroite, bordée de maisons trop hautes, amena la ruine de ceux qui l'avaient entreprise. C'est Dalgabio qui en fut l'architecte.