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                    M. ARMAND DE P O N T M A R T I N                    409
ont fait oublier les réunions gourmées de Marphise!, M. le Comte
se prend à feuilleter dans les vieux tiroirs, à secouer la poussière
des vieux papiers, à exhumer les vieux souvenirs. Le critique a
fait place au conteur. C'est tantôt une collection exclusive de
contes, comme les Souvenirs d'un vieux Mélomane, tantôt une
anecdote plaisante qui sépare deux portraits, ou se glisse furtive-
ment entre les pages d'une étude, comme dans les Souvenirs d'un
vieux Critique.
    Ces historiettes ajoutent au livre un charme nouveau; elles vous
égayent, elles vous reposent, comme le feraient un paysage de Diaz
ou une pochade flamande qu/on aurait oubliés dans une galerie
de Lawrence. La critique en souffrent-elle? Pas le moins du
monde. Évidemment M. Nisard se ferait fort de la faire plus sé-
 rieuse, mais à coup sûr il la ferait moins attrayante. La bonhomie
de Nodier, la sensibilité de Sandeau, les échappées fantastiques
d'Hoffmann ; tout s'y trouve. Ce sont les Enfants par l'oreille,
la Vieille Fenêtre, le Château de Froufrou, un tas de riens
 charmants qui, sous la légèreté du badinage, cachent presque tou-
jours une saine morale et d'instructives leçons. Tantôt c'est une de
ses équipées de mélomane que M. de Pontmartin vous crayonne
dans un cadre de jolis détails ; tantôt une de ces farces d'homme
du monde qu'il vous brode sur le canevas léger d'une intrigue ;
 tantôt une de ses aventures d'écrivain qu'il vous esquisse sur un
fond animé de la verte Bohême ; et vous courez ainsi, vous le lec-
teur, sans y prendre garde, sur les ailes de la fantaisie, à travers
l'histoire littéraire, faisant halte un peu partout, ramassant de ci
de là un épisode, un trait, une indiscrétion, autant de choses
inédites qui vous amusent et vous aident plus tard à composer
une physionomie piquante à ces célébrités auxquelles on frappe
 des médailles, en variant l'effigie, mais en les coulant éternelle-
 ment dans le même bronze.
    Et dire qu'avec cet écrin de rares bijoux on n'a pas trouvé
M. de Pontmartin assez coquettement paré pour lui pousser un
 fauteuil sous la coupole de l'Institut. Que vous faut-il, ô Immor-
 tels!... C'est peut-être aussi que M. de Pontmartin est un tiède

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      Pseudonyme deMadame de Girardin,dans les Jeudis de Madame Charbonneau.