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 62                    LA REVUE LYONNAISE
  réalisation insuffisante empêche une si heureuse idée de porter
  aucun fruit. Tout d'abord, à ces archives il manque un archiviste.
  Leur gardien cumule ses fonctions avec celles de concierge. Tout
 le monde ne saisit pas bien le rapport de ces deux professions : on
  peut être un concierge excellent et un paléographe contestable. Un
  ancien employé d'un grand dépôt départemental ou municipal,
  familiarisé avec la lecture et le classement des pièces, pourrait
  rendre, au contraire, les plus grands services.
    En venant déposer là leur ancien fonds, les notaires en perdent
 la propriété. Je ne puis approuver cette règle. Les actes d'une
 étude me semblent inaliénables au premier chef et la propriété doit
 s'en transmettre indéfiniment d'un titulaire à l'autre. Il serait beau-
  coup plus simple que les archives fussent classées par provenances
 et par dates. Une cote sommaire, indiquant seulement la nature de
 l'acte et le nom des parties, faciliterait encore singulièrement les
 recherches. Chaque notaire, conservant ses droits sur son fonds,
 délivrerait lui-même la permission de s'en servir ou de s'en faire
 donner des expéditions authentiques. Il est, en effet, mieux que
 personne, à même de distinguer entre ceux que dirige un intérêt
 pratique ou un intérêt scientifique. Il est possible que la Chambre
 de Lyon ait adopté l'organisation actuelle dans un but de spécu-
 ation ; mais il est difficile de croire à un motif aussi peu digne d'un
 semblable corps.
    Jusqu'à présent, à notre connaissance, aucune autre Chambre
 de notaires n'a suivi l'exemple de celle de Lyon, Cette mesure,
 cependant, aurait eu des résultats extraordinaires, surtout à Paris,
où tous ceux qui travaillent à l'histoire de notre pays voudraient
la voir adoptée. Il y a là plus de cent études qui renferment d'ines-
timables richesses. Il faut penser que pas un de ces fonds n'a été
exploré ; que chacun d'eux renferme des pièces par centaines de
mille ; que tous les rois de France ont eu leur notaire et que là se
trouvent les instruments de transactions auxquelles a donné lieu le
gouvernement de leur fortune privée. Plusieurs fois déjà, on a vu
passer, dans des ventes publiques, des autographes royaux fort
importants, et qui ne pouvaient provenir que d'une étude de Paris,
à la suite d'une soustraction coupable. La réunion des archives
notariales rendra ces détournements impossibles. Quand elle sera