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52 LA REVUE LYONNAISE III Pendant trois jours le roi demeura dans la grotte, Seul, reposant son corps et reprenant espoir. La prêtresse veillait au salut de son hôte, Sondait les environs et rentrait chaque soir Après avoir reçu les secrets émissaires Des peuples qui gardaient l'amour du nom gaulois. Elle apportait alors les vivres nécessaires Au fugitif, sans dire un mot, et chaque fois, Comme le premier jour disparaissait dans l'ombre Qui sous la haute voûte allait s'épaississant. Un matin, lorsqu'au seuil de la caverne sombre La première lueur blanchit le roc luisant, La prêtresse éveilla le guerrier. « Roi, dit-elle, « Lève-toi, le soleil parait à l'orient, « Et tu dois arriver, avant l'aube nouvelle, « Dans les champs où le rème aux dieux se confiant « Et n'ayant jamais vu planer l'aigle romaine « Est prêt à déclarer la guerre à ton rival. « Tes soldats, rassemblés dans la forêt prochaine, « Pour se remettre en marche attendent un signal. « Sur le mont escarpé qui couvre ma demeure « Le flamme va briller, et dans chaque cité, « Par un coureur agile et brave, avant une heure, « Comme au temps des aïeux, le feu sera porté. » — « O femme ! dis-tu vrai ? » — « Notre vengeance est sûre, « Car la Gaule est unie et les dieux sont pour nous. » Alors de la paroi détachant une armure : « — Prends, ô noble guerrier, et cours au rendez-vous. »