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370                  LA REVUE LYONNAISE
« nel. Je suis le conservateur. Je suis la mort qui engloutit tout.
« Quelle que soit la nature d'une chose, je suis cette chose. 11
« n'y arien d'animé ou d'inanimé qui soit sans moi. Mes divines
a vertus sont inépuisables. Il n'y a rien de beau, d'heureux, de
« bon qui ne soit une partie de ma gloire. Un seul atome émané
« de moi a produit l'univers, et je suis encore moi tout entier. En-
« tre mes serviteurs, celui-là est surtout chéri de moi qui aime
« toute la nature, que les hommes ne craignent pas, et qui ne
« craint pas les hommes. J'aime encore celui qui est sans espè-
c rance, et qui a renoncé à toute entreprise humaine. Celui-là
 e
« est également digne de mon amour qui ne se réjouit et ne s'af-
« flige de rien, qui ne désire aucune chose, qui est content
« de tout, parce qu'il est mon serviteur. Enfin, celui-là est mon
« serviteur bien-aimé qui est le même pour son ami et pour son
« ennemi, dans la gloire et dans l'opprobre, dans le chaud et
« dans le froid, dans la peine et dans le plaisir; quiestinsou-
« ciant de tous les événements de la vie, pour qui la louange et
« le blâme sont indifférents, qui se complaît dans tout ce qui ar-
« rive, qui n'a pas de maison à lui et qui me sert avec un amour
« inébranlable. »
   Ces antiques doctrines ne manquent, comme on le voit, ni de
pureté ni de grandeur. Ceux à qui le dépôt sacré en était confié,
les Brahmes, onteonservé longtemps une influence prépondérante
et légitime dans la société indienne. Gomme je le disais plus haut,
ils ont commencé par partager avec d'autres les fonctions sacer-
dotales, mais ils n'ont pas tardé à se les attribuer exclusivement,
et à les rendre héréditaires.
   Intelligents, instruits, donnant l'exemple des austérités et des
vertus qu'ils enseignaient, riches des aumônes qu'on avait le de-
voir de leur faire, ils sont devenus les législateurs du peuple, les
conseillers et bientôt les maîtres des rois. Leur malédiction était
redoutée à l'égal de la mort. Les dieux eux-mêmes dans les inac-
cessibles régions où ils semblaient devoir régner en paix, les
dieux pouvaient être précipités de leurs trônes par la splendeur
émanant d'un Brahms que la pénitence avait purifié. On lit dans
le Maha-Bharada        :