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372                  LA REVUE      LYONNAISE
des biens de ce monde. Un Brahmane par sa seule naissance est
un objet de vénération même pour les dieux, et ses décisions sont
une autorité pour le monde ; c'est la sainte Ecriture qui lui donne
ce privilège.
   « Le Brahmane est une divinité puissante résidant sur la terre,
tandis que, dans l'ordre des créatures, le Soudra vient après l'élé-
phant et le cheval.
   « Autant le sang, en coulant à terre, absorbe de grains de pous -
sière, autant d'années celui qui a fait couler le sang d'un Brah-
mane sera dévoré par des animaux carnassiers dans l'autre monde.
Le juge doit interpeller un Brahmane en lui disant : « Parle ; »
un Kchatrya, en lui disant : « Déclare la vérité ; » un Vaisya,
en lui représentant le faux témoignage comme une action aussi
coupable que celle de voler des bestiaux, du grain et de l'or; un
Soudra, en assimilant le faux témoignage à tous les crimes.
Que le juge fasse jurer un Brahmane par sa véracité; un Kcha-
trya, par ses chevaux, ses éléphants ou ses armes; un Vaisya,
par ses vaches, ses grains ou son or; un Soudra, par tous les
crimes. Que le roi établisse dans un lieu convenable les B r a h -
manes instruits; qu'il leur assigne leur subsistance ; qu'il leur
concède dans ses domaines des maisons et des terres exemptes de
taxe, non susceptibles d'être contestées par ses successeurs. Que
le roi ne tué jamais un Brahmane, même quand il aurait commis
tous les crimes; qu'il le bannisse du royaume, en lui laissant tous
ses biens, et sans lui faire le moindre mal. »
   Quelques textes semblent pourtant protester contre ces exorbi-
tants privilèges.
   On lit dans un commentaire des Védas :
    « La naissance établit des distinctions parmi les hommes, mais
c'est la bonne conduite seule qui constitue la vraie noblesse. »
    « La dignité des Brahmes est éminente, mais le sage leur est
encore supérieur. »
    On lit dans le Maha-Bhrada      :
    « Barcounen ditàCarnen : « Je ne puis me battre avec toi, tu es le
 « fils d'un cocher. » Carnen lui répondit : « On est mâle ou femelle;
« il n'y a pas d'autres castes que celles-là ; ce sont les actions de
 « l'homme qui lui assignent son rang. »