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NOUVEAUX SOUVENIRS DE PON.DIGHÉRY 373 Le même ouvrage met dans la bouche d'un Mouni les paroles suivantes : « 0 roi, dans quelque caste que naisse ce corps, il mourra, puis il renaîtra. Deux choses resteront intactes au milieu des t r a n s - migrations : les bonnes actions et les mauvaises. Ce n'est pas la naissance, ce sont les actions qui établissent les distinctions de caste. Celui-là est de bonne naissance qui fait de bonnes actions. » Kapila, un poète de la classe opprimée des parias, jette ce cri de révolte : « La pluie qui tombe exclut-elle quelqu'un? Le vaste sol dit-il : « Je ne veux pas porter ceux-ci? » Le Soleil : « Je ne luis pas pour « ceux-là ? » La fortune, la misère, le profit des pénitences faites ne varient point pour les gens de la terre. Il n'est qu'une race, qu'une famille, qu'une naissance, qu'une mort et qu'un Dieu. » La vie du Brahmane soucieux d'arriver à la perfection se divi- sait alors en quatre périodes correspondant aux quatre ordres reli- gieux qui étaient : 1° celui de Bramatchari ou novice ; 2° celui de Gritiastha ou maître de maison narié ; 3» celui de Vanaprastha ou anachorète; 4° enfin celui de Sarinya'si ou dévot ascétique. Noviciat et initiation dans la jeunesse ; mariage et famille dans l'âge viril; méditations-et austérités dans l'âge mûr; contemplation ex- clusive de Dieu dans la vieillesse. Il fallait avoir passé par les trois premiers degrés pour atteindre le quatrième, et chacun obli- geait à des pratiques dislinctes et minutieuses dont je vais citer les plus curieuses, d'après la traduction de M. Loiseleur Deslonchamps. Le Brahmane ne doit jamais regarder le soleil, nia son lever, ni à son coucher, ni pendant une éclipse, ni quand il se reflète dans l'eau, ni quand il est au milieu de sa course. Il doit se garder d'en- jamber une corde à laquelle un veau est attaché, de courir pen- dant la pluie; de regarder son image dans l'eau. Il faut qu'il ait toujours sa droite du côté d'un monticule de terre, d'une vache, d'une idole, d'un Brahmane, d'un vase de beurre clarifié ou de miel, d'un endroit par où quatre chemins se rencontrent. 11 ne faut pas qu'il se baigne nu. Il ne doit déposer ses excré- ments, ni sur le chemin, ni sur les cendres, ni dans un pâturage de vaches, ni dans une terre labourée, ni dans l'eau, ni sur un bûcher funèbre, ni sur une montagne, ni sur les ruines d'un temple,-ni