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368                   LA REVUE LYONNAISE
  dressant à l'homme de péché créé pour être le bourreau des
  hommes, il lui dit: « Lève-toi, malheureux, ton règne est fini;
  laisse désormais en paix les hommes, car ce sont mes enfants. »
     Au moment où Krichna fut sur le point de retourner au ciel,
 les plus terribles prodiges se manifestèrent au ciel et sur la terre,
 Les hiboux se mirent à chanter en plein jour et les corbeaux
 dans les ténèbres. Les chevaux vomirent du feu;, le riz cuit germa;
 le globe du soleil fut teint de plusieurs couleurs. Le dieu dit
 alors à son disciple favori: « Le Kali youga va commencer; dans
 ce nouvel âge les hommes seront méchants, menteurs, faibles
 et accablés d'infirmités. Quittez le monde et retirez vous dans
 la solitude. Vous penserez toujours à moi. Que je sois en vous
 et vous en moi. Ne vous arrêtez pas à l'illusion des apparences.
 L'âme est le témoin des actes des cinq sens et je suis le témoin
 des actes de l'âme. Détachez-vous des choses temporelles, et
 concentrez toutes vos facultés dans la contemplation de mon
 être. Je suis la vérité et la sagesse. » Ayant ainsi parlé, le dieu
 se retira près d'un buisson où la flèche empoisonnée d'un chas-
 seur vint lui faire une blessure mortelle.
    Il n'est pas besoin de faire ressortir une ressemblance étrange,
 minutieuse même, entre ces traditions indiennes et les traditions
juives qui sont devenues les nôtres. Cette ressemblance, dont je
 pourrais multiplier les exemples, se continue dans les doctrines.
 Comme les Védas,le Mahara-Bharadn           exprime fréquemment la
 croyance à un Dieu unique et immatériel et à l'âme immortelle.
 Il recommande la mortification des sens, le renoncement aux
affections et aux biens de ce monde, la méditation, l'anéantissement
absolu de la raison devant la foi.
    Narada interroge son pèreBrahma sur la création et sur le temps
qui l'a précédée.
    « 0 mon père, toi la première production de Dieu, on dit que
tu as créé le monde, et ton fils, étonné de ce qu'il voit, désire
savoir comment toutes ces choses ont été faites. »
    Brahma répond : « Tu te trompes, mon fils; c'est Dieu qui est
le divin moteur, la grande essence originaire, la cause effi-
ciente et matérielle de l'univers. Je ne suis, moi, que l'instru-
ment de sa suprême volonté. Dieu est un, immuable, dénué de