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NOUVEAUX SOUVENIRS DE PONDIGHÉRY 369 parties .et de formes, infini, omniscient, omniprésent ; c'est lui qui a fait sortir les cieux et les mondes du néant et les a lancés dans les espaces infinis par un son de voix formidable qui a retenti dans l'immensité. L'univers existerajusqu'à la consomma- tion de toutes choses; alors il sera absorbé dans le sein de la divinité dont je ne suis qu'une faible émanation. » Je ne puis mieux terminer cet aperçu qu'en citant la traduction faite par M. Cousin d'un des passages les plus justement célèbres du Maha-Bharada. Le panthéisme s'y affirme avec une abondance d'images et une majesté d'expressions véritablement sublimes. Krichna servant d'écuyer au prince Ardjouna se montre à lui dans toute la splendeur de sa gloire. « Il a mille et mille formes, mille et mille têtes, mille et mille bras. Tous les dieux, tous les esprits célestes, tout ce qui vit, tout ce qui végète se trouve absorbé dans son sein. Ses têtes dépassent les cieux, ses pieds les abîmes profonds de l'enfer. Il est Dieu créateur, il est Dieu conservateur, il est Dieu destructeur. Il est esprit, il est matière, il est tout et tout est en lui. Adjourna s'épouvante, ses cheveux se hérissent, son sang se glace dans ses veines, ses membres frémissent, ses yeux égarés sont fixés sur le Dieu. Il se prosterne à ses pieds et il entend une voix lui dire : « Je suis l'auteur de la création et de la dissolu- « tion de l'univers. II n'y a aucune chose plus grande que moi, « et toutes dépendent de moi comme les perles du cordon qui « les retient. Je suis la vapeur dans l'eau, la lumière dans le so- ft leil et dans la lune, l'invocation dans les Vêdas, le son dans « l'air, l'énergie masculine dans l'homme, le doux parfum dans « la terre, l'éclat dans la flamme, la vie dans les animaux, le « zèle dans le zélé, la semence éternelle de toute la nature. Je « suis le père de ce monde. Je suis la doctrine secrète, l'expia- « tion, le saint monosyllabe, les trois livres des Védas. Je suis le « guide, le nourricier, le maître. Je suis la source de la cha- « leur et celle de la pluie. J'ai dans ma main l'ambroisie et la « mort. Je suis l'être et le néant. Je suis le commencement, le « milieu et la fin de toutes choses. Parmi les lettres, je suis A ; et « parmi les mots composés, je suis le lieu. Je suis le temps éter- NOYEMBKE 1831. — T. I ! . 24