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          NOUVEAUX SOUVENIRS DE PONDIGHÉRY                        367
 youga, l'âge actuel du monde qui commença 8101 ans avant
l'ère chrétienne.
   Il fut un temps, disent les légendes, où la vertu s'affaiblissait
 dans le monde, où le vice et l'injustice triomphaient. La terre
accablée se plaignit à Vichnou. Ce Dieu miséricordieux, qui flot-
tait dans les eaux primitives, enseveli dans ses méditations, pro-
mit de s'incarner pour sauver les justes, ' punir les méchants et
raffermir la vertu ébranlée. Le mystère de l'incarnation s'accom-
plit dans le sein de Devaghi par l'obombration de Vichnou qui
darda sur elle les traits de sa splendeur. Elle parut alors dans tout
l'éclat de sa beauté, radieuse comme la lune qui dissipe les t é -
nèbres de la nuit. Gamésa régnait à cette[époque à Madourey.
   Ce tyran averti par une voix mystérieuse que le huitième en-
fant de Devaghi lui enlèverait le sceptre et la vie, la fit jeter aux
fers, elle et son mari Vasoudéva, et de ses propres mains massacra
leurs enfants. Krichna naquit à minuit, au lever de la lune, cou-
vert de la pourpre royale, le diadème au front. Brahma, Siva et
leur céleste cortège vinrent répandre sur le divin enfant une pluie
de fleurs. Les musiciens célestes entonnèrent les hymnes des V é -
das, les planètes se trouvèrent dans des conjonctions heureuses, et
la nature entière tressaillit d'allégresse. Aussitôt que Krichna pa-
rut, l'appartement fut inondé d'une lumière éblouissante; les portes
de la prison furent renversées, les gardes étourdis. Vasoudéva
emporta l'enfant dans la bergerie de Nanda. Le tyran Camésa or-
donna alors de massacrer tous les enfants mâles de son royaume, et,
pendant dix jours, on n'entendit que les cris des innocents et les
gémissements des mères. Krichna échappa au massacre en r e s -
tant caché dans l'étable de Nanda. Dans le cours de son existence,
il vainquit des géants et des démons, terrassa le terrible serpent
Galinga et mit ses pieds de lotus sur la tête du mo:;stre. Une
bossue vint répandre des parfums sur ses pieds ; il la regarda avec
compassion, aussitôt elle devint belle et pure.
   Il descendit aux enfers. Entendant des cris plaintifs, il en de-
manda la cause à Yama, le roi de ce triste séjour.
   « Ce sont, dit celui-ci, les gémissements des hommes qui ont
péché pendant leur vie, et qui sont punis en enfer. » Krichna
voulut les voir, son cœur fut oppressé de ce spectacle, et, s'a-