page suivante »
354 LA R E V U E LYONNAISE mot facere étant extrêmement étendu dans la langue du moyen âge. Il faudrait, pour, donner créance à l'opinion de M. Steyert, pré- senter un texte établissant que des ouvriers du quinzième siècle furent réellement occupés à faire des choins en pierre tendre. C'est comme si nos petits-neveux découvraient un texte établis - sant qu'au dix-neuvième siècle on fabriqua un cheval de bronze en marbre. Ni l'un ni l'autre cas ne sont probables. DE L ' É T Y M O L O C I E DU MOT DE C H O I N L'étymologie proposée par M. Steyert : cuneus, a pour elle beaucoup de probabilité. Euphoniquement, ' elle est absolument correcte. Le g final primitif, que fait remarquer M. Steyert, loin d'être un obstacle, est une preuve en sa faveur, et marque, aussi bien que la forme chung, une étape dans la route parcourue. Cuneus est devenu choin : 1° Par le changement de eus en ius : ea, eo, eu se changent en ia, ia, iu : comim'atus (commeatus), diusque (deusque), hor- dùim (hordeum), etc. — D'où cunius. 2« Par le changement de c initial en ch: cAamp (campus), cheî (c-aput), cAiche (cicer), etc.— D'où chunius. 3° Par le changement de i en g (et la chute de la voyelle finale atone) : son^e (somm'um), rage (rabies), tige (tibia), etc —D'où chungz, chung. 4° Par le changement de u en oi: angoisse (angwstia), boisseau (bwstellus), poï'ng (pwgnus), etc,— D'où choing, chuyng. 5° Par la chute du g final : coin (vieux franc, coing), groin (groinp'), besoin (besoin*;), etc. — D'où la forme actuelle choin. Quant à la dérivation du sens, il faut remarquer que, dans la basse latinité, cuneus avait la signification d'angulus. « Usque ad cuneum mûri» (charta Philip. -August.). «Super domo qui facit cuneum...)•> (Arch. de St- Germ.-des-Prés), etc. La pierre de choin (petra de cuneis ou petra cuneorum était