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SUR LE MOT « P I E R R E DE CHOIN » 355 i donc une pierre propre à faire des angles , comme la pierre de taille, petra taillœ, une pierre propre à receroir la taille ; comme encore aujourd'hi la pierre mureuse, la pierre muraillère sont des pierres pour faire des murs et des murailles, comme la pierre lithographique est une pierre pour faire des planches lithogra- phiques, et ainsi du reste. Telles sont toutes les probabilités. Pour obtenir la certitude, il faudrait trouver un texte latin ancien, portant petra de cuneis, ou cuniis. Il est extrêmement curieux que ce mot soit exclusivement lyon nais. On ne le trouve dans aucun dialecte d'oc ou d'oïl, dans aucun dictionnaire à ma connaissance, sauf le Parallèle, de Monet, Lyonnais d'adoption, et qui le commente (1642) par «pierre de vive roche, recevant nete et délicate polissure, comme marbre», et le traduit fort inexactement par Petra silicea, marmorise po- liturse silex. On trouve également choin au dictionnaire de Tré voux, qui renferme aussi d'autres mots lyonnais. RÉSUMÉ De tout ce qui précède on doit conclure : 1° Que, d'après tous les textes (et ils sont nombreux), on appe- lait chuyngz, chungz, chaon, aujourd'hui choin, des blocs d'une certaine qualité de pierre; que l'on a commencé, à Lyon, par uti- liser les blocs de choin provenant des monuments antiques ; que l'on s'est ensuite adressé aux carrières renfermant des pierres de même nature ; 2° Que choin n'a jamais signifié, à aucune époque, un gros bloc équarri, d'une pierre quelconque, et que lorsqu'il s'agissait de gros blocs autres que de choin, ces blocs prenaient le nom de quarterii ; 3° Que dans le texte inexactement cité par M. Steyert, il est l Le radical cuneus se retrouve encore aujourd'hui dans le terme lyonnais A'/tcoin- çon, qui signifie une crosse eu pierre de taille brute formant Y angle de l'embrasure des croisées dans la hauteur de la formelle.