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                  S U R L B M O T « P I E R R E DE G H O I N »                     353

 taient, et qui provenaient certainement de monuments antiques.
 Les ouvriers ne furent pas envoyés aux carrières        d'Anse, ils
 vinrent, venerunt, au chantier de Saint Jean, à la loge où t r a -
 vaillaient les tailleurs de pierres ainsi que l'expliquent d'ailleurs
 beaucoup d'autres articles. C'est ainsi qu'à la date du 10 mars
 1459, on trouve :
    « Item sabbati sequentis fuit computatum cum duobus lathomis
nuncupatis Jo. Quinart et alius Grossus Petrus, traditi per An -
thonium Montain ad scindendum lapides adfaciendum pillas dicti
claustri, qui steterunt a die martis quinta decembris usque ad
presentem diem... »
    « Pareillement, le samedi suivant fut fait compte avec deux ma-
çons appelés l'un Jo. Quinart, et l'autre Gros-Pierre, fournis par
Antoine Montain, pour trancher les pierres pour faire les piles
dudit cloître, lesquels demeurèrent depuis le mardi 5 décembre
jusqu'au présent jour... 1 . »


   Il n'y a donc aucune hésitation, M. Steyert a fait erreur, et le
texte qu'il cite est un argument irréfutable contre sa propre thèse.
Il a été égaré dans sa citation par une de ces défaillances de mé-
moire ou d'attention, si communes et si excusables. Doudan lui-
même, Doudan le fin lettré, si familier avec les classiques, Doudan
qui savait si bien le latin, et l'enseignait si bien aux autres, n'es-
tropie-t-il pas outrageusement un vers de Virgile 2 ?...
   J'ajoute que l'on aurait présenté un texte où se trouveraient réel-
lement ces mots : ad faciendum gallice les chungz, qu'il n'en
aurait nullement fallu conclure que cela voulût dire pour        faire
des blocs équarris d'une autre pierre que le choin. Cela aurait
voulu seulement dire pour façonner des blocs de choin, le sens du


   1 Registre de Jean d'Amanzé, f» 20. Texte communiqué par M. Guigue. On voit
par ces comptes que tous les ouvriers, maçons, charpentiers, manœuvres, etc., vin-
rent (venerunt) travailler, les uns sans être recommandés par quel qu'un, probablement
parce qu'ils étaient déjà connus à la loge, tandis que d'autres ne vinrent que sur la
recommandation du maître de l'œuvre: missi, traditi, c'est-à-dire envoyés par, de
la part d'Antoine Montain
  2 Mélanges et Lettres, t. II, p. 102. Je ne sais comment il se fait que personne
n'ait remarqué ce lapsus.
      NOVK.MDKE- 1881.— T. I I .                                          23