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LA BIBLE ET LA SCIENCE 243 En effet, ceux qui ont essayé, d'après les listes des patriarches, de fixer la chronologie de la Bible, n'ont guère pu reculer la créa- tion d'Adam à plus de six mille ans avant notre ère (les Bénédic- tins, dont le calcul sert encore de base habituelle dans l'enseigne- ment, n'en supposaient que quatre mille). Or, l'étude des terrains où se trouvent des débris humains semble exiger une bien plus haute antiquité. Il n'est pas rare, dans les livres d'anthropologie, de voir reculer la création de l'homme à plus de trente mille ans ; et les chrétiens qui s'occupent de science, se débattent sans beaucoup de succès contre cette difficulté. Si riiumanité du sixième jour a été séparée d'Adam par deux longues périodes indéterminées, la difficulté disparaît, et la science a de nombreux siècles à sa dispo- sition pour y échelonner ses fossiles. Il est vrai que cette difficulté disparue ouvre le champ à beau- coup d'autres au point de vue religieux. Qu'est-ce que cette hu- manité primitive? Qu'est-elle devenue? Existe-t-elle encore en par- tie? Qu'est ce que le repos du septième jour? Qu'est-ce que la mission d'Adam? Gomment a-t-elle été remplie, ou plutôt com- promise par le péché? Qu'est-ce que le péché originel pour les hommes qui ne descendent pas d'Adam? Grosses questions dont M. de Rosemont ne dissimule pas la gravité. 11 essaie cependant de les résoudre, et certaines de ces solutions présentent cet intérêt, de satisfaire à plusieurs des desiderata de l'apologie chrétienne, en répondant à des objections par lesquelles la science incrédule embarrasse singulièrement les exégètes, et croit même les con- fondre. V Donc, après les grands animaux du sixième jour, Dieu a créé l'homme; mais, selon l'interprétation hardie de M. de Rosemont, cet homme n'était pas Adam, c'était une humanité antérieure à Adam. L'auteur remarque qu'ici, au verset 27, Moïse répète trois fois le