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244                  LA R E V U E LYONNAISE
mot creavit. Cherchant ce que peut signifier une répétition si
étrange dans le texte concis de Moïse, il suppose qu'on peut l'ex-
pliquer par les trois grandes races de l'humanité qui sont en de-
hors de la race blanche : la race noire en Afrique, la jaune en
Asie, la rouge en Amérique, que malgré les efforts de M. de Qua-
trefage la plupart des anthropologistes persistent h croire irréduc-
tibles. M. de Rosement croit qu'elles ont pu être créées isolément.
Quant à la race blanche, la race supérieure et civilisatrice, c'est
celle qui descend d'Adam.
    Bien que créées isolément, ces races primitives ne forment
qu'une humanité. L'homme est créé, nous dit le texte sacré, à
l'image de Dieu, Malgré des différences indéniables, tous les
hommes ontles mêmes caractères physiques, moraux, intellectuels,
et la même- destinée. Par une absorption que les anthropologistes
nous montrent déjà en voie d'accomplissement, il est probable
 qu'elles finiront par se fondre en une seule. Les races réfractaires
 à la civilisation s'éteignent rapidement sous nos yeux ; les autres
 se mêlent de plus en plus. En tout cas, l'unification spirituelle de
 l'humanité par la science, la civilisation et la religion, est en train
 de s'opérer.
    « Masculum et feminam creavit eos, » dit le texte; mais il
 n'est rien dit là de l'opération particulière par laquelle, dans le
 deuxième récit, Dieu tire de la chair même d'Adam, celle qu'il lui
 donne pour compagne.
    Cette humanité du sixième jour est créée dans l'état qu'on
 appelle de pure nature, ce qui explique la vie sauvage, impossible
 à expliquer pour la descendance d'Adam et de Noé, à moins qu'on
 n'admette la célèbre théorie de M. deMaistre sur la décadence et la
  dégénérescence de races d'abord civilisées, hypothèse qui présente
 elle-même bien des difficultés. Il semble, quand on étudie de près les
 détails du texte, que cette humanité primitive n'est pas créée pour
 la vie agricole. Celui qui doit travailler la terre n'apparaît qu'au
  deuxième récit (ch. II, v. 5). L'humanité primitive ne laboure pas,
  ne connaît pas les métaux; elle vit de pêche et de chasse. Il est
 probable qu'elle ne possédait que les végétaux spontanés et sau-
 vages. Ceux que nous cultivons semblent avoir été créés dans le
 paradis terrestre (ch.II, V, 8 et 9), par exemple le blé, le chanvre.