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242                       LA REVUE LYONNAISE
du verset 26 au verset 30, et plus loin, au chapitre II, après le
récit du septième jour, du verset 7 au verset 25. Les anciens inter-
prètes n'ontvu, dans ce second récit, qu'une reprise plus détaillée
du premier. Mais il convient de remarquer que ce système soulevait,
et soulève aujourd'hui chez les exégètes incroyants, de graves ob-
jections. Il suppose une sorte de désordre dans le récit de Moïse ;
il autorise l'hypothèse, chère aux Allemands, du mélange de
légendes d'origine différente, hypothèse que fortifie encore le titre
nouveau, dominus, donné à Dieu au chapitre II, ce qui a fait naître
la fameuse théorie des Eloïstes et des Jéhovistes ; de sorte que la
 Genèse n'est plus, pour une grande partie des théologiens alle-
mands, comme l'Iliade pour les partisans de Wolf, qu'un ramas de
 rapsodies disparates.
    M. de Rosemont croit au contraire qu'il faut prendre à la letire
le récit de Moïse, en respecter scrupuleusement l'ordre, non moins
inspiré à ses yeux que tous les détails. Mais alors, il y a eu deux
créations de l'homme. Adam n'est pas l'homme du sixième jour,
l i a été créé postérieurement, dans un dessein particulier de Dieu,
pour être le chef d'une race choisie,le civilisateur etle sanctificateur
de l'humanité. Et c'est pour cela qu'ila recule souffle de vie, spi-
raculum vitse, dont il n'est pas question dans le premier récit.
   Cette humanité antérieure à Adam n'est point une idée entière-
ment nouvelle. Déjà au dix-septième siècle, elle a été l'objet de
longues discussions entre les théologiens, à l'occasion du livre de
La Peyrère, de Prseadamitis.    De nos jours un savant oratorien, le
P . de Valroger, semblait en admettre la possibilité, dans un article
très remarqué du Correspondant         (10 novembre 1873). Il est
certain que cette hypothèse a l'avantage d'expliquer, sans contra -
dictionavecla foi enla Genèse, les découvertes des anthropologistes.


aucun degré, une adhésion qui, dans tous les cas, serait fort prématurée. De graves
théologiens, auxquels il a soumis son livre, les ont considérées comme dignes d'être
examinées, ne trouvant rien, dans les définitions authentiques des l'Église, qui doive
les faire condamner sans appel. Du reste, la forme même de ce livre montre que ce
n'est point une œuvre définitive. Il n'a été tiré qu'à cent exemplaires numérotés, avec
des marges aussi grandes que la partie occupée par le texte, pour donner place
à toutes les observations des juges auxquels il l'a soumis. C'est une enquête qu'il
provoque, un appel aux penseurs croyants ou incrédules, et surtout à l'autorité ecclé-
siastique qui doit avoir le dernier mot sur ces graves questions.