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BIBLIOGRAPHIE 231 « Pourquoi mets-tu là ta main blanche et fine ? » Dis-jeà la fillette aux cheveux dorés. Mais elle, en prenant des airs de dauphine : « Cherchez bien, dit-elle, et vous trouverez. » Je restai muet devant cette enfance Qui me lutinait d'un souris moqueur. Puis elle reprit : « C'est pour ma défense : a Qu'on prenne ma main, si l'on veut mon coeur. » Ah ! que voilà bien le siècle où nous sommes ! Qu'on était plus jeune au bon temps ancien! Comme à belles dents on mordait les pommes ! Comme on s'aimait mieux ! comme on s'aimait bien ! Les bois n'était pas changés en charmilles ; On ne songeait pas toujours à demain; Loin d'avoir la main sur le cœur, les filles Avaient simplement le cœur sur la main. MARC MONNIER d . . Je suis pénétré de l'idée qu'un Français est bête curieuse à l'é- tranger. Son ignorance des usages, des mœurs, de la langue, le rend ridicule. L'équité le veut ainsi, car nos visiteurs étrangers nous prêtent Lien largement à rire, parles mêmes motifs, et nous ne sommes pas trop charitables, n'est-il pas vrai? On en cite de mé- morables exemples. M. Julius vom Hag, pas plus que d'autres, et surtout son éditeur, n'ont pu s'empêcher, avec tout le sérieux de leur éducation littéraire, de réjouir nos yeux par d'adorables co - quilles. Ces trois petits volumes en sont semés : un vrai blason « d'azur aux coquilles d'or sans nombre ». Parfois elles changent totalement le vers, mesure et sens ; d'autres fois elles offrent de plaisantes rencontres, souvent elles ne consistent qu'en un accent grave ou aigu mal placé, mais fécond en effets imprévus. C'est peut-être là une méchante critique ; il est possible que ces poésies françaises n'aient été revues sur placards que par des cor- recteurs allemands; une telle confiance en soi estbien dans la don- née du caractère germanique, et on ne saurait leur faire un crime de i Nouveau Parnasse français, t. II, p. 5.