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232 LA R E V U E LYONNAISE
ne pas posséder le fin du fin de notre belle langue. Mieux vaut ne
pas insister et rendre grâces à M. Jules vom Hag et à son éditeur,
d'avoir mis à la portée de toutes les bourses (cela coûte un franc),
de toutes les poches (cela a 93 millimètres de haut sur 62 de large),
malheureusement pas de tous les veux (les lettres ont moins d'un
millimètre de haut), des fragments de tous nos grands poètes, des
morceaux choisis dénombre d'autres, et un notable stock d'échan-
tillons de poètes inconnus hors cénacle, dans lequel on découvre
de charmants petits morceaux entre lesquels je vous présente en-
core deux pièces intéressantes à joindre à celles qui précèdent.
TRISTESSE DES CHOSES
La pierre était triste, en songeant au chêne
Qui libre et puissant croît au grand soleil,
Du haut des rochers regarde la plaine,
Et frissonne, et rit quand l'air est vermeil.
Le chêne était triste, en songeant aux bêtes
Qu'il voyait courir sous l'ombre des bois,
Aux cerfs bondissants et dressant leurs têtes,
Etjetant au ciel des éclats de voix.
La bête était triste, en songeant aux ailes
De l'aigle qui monte à travers le bleu,
Boire la lumière à pleines prunelles. .
Et l'homme était triste, en songeant à Dieu.
HENKI CASAUS *,
LUI
Est-il brun? je l'ignore. Ou châtain? que m'importe?
Est-ce un œil noir ou bleu qu'il tient sur moi levé?
Je ne sais; mais mon cœur bat d'une étrange sorte,
Quand son pas vif résonne en frappant le pavé.
S'il passe inattentif sans heurter à ma porte,
Je souffre... en mon sommeil, à lui, j'avais rêvé ;
S'il entre, à sa rencontre un élan me transporte,
Jamais il ne me semble assez tôt arrivé.
1
Trésor lyrique, p. 24.