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           A N T I Q U I T É S DU COLLEGE DE LA T R I N I T É                       223
   En 1791, le collège était encore ouvert et géré parles Oratoriens.
A ce moment, un nouveau conflit s'éleva entre les Pères et la ville.
Le 29 septembre de cette année, celle-ci fit poser les scellés sur le
cabinet des médailles, sur le cabinet de physique et sur l'observa-
toire du grand collège, sous le prétexte que les Pères y avaient
commis des détournements. Les Oratoriens protestèrent contre cette
accusation par un mémoire, etle 8 octobre suivant, la municipalité
y répondit par un autre mémoire auquel elle donna la plus grande
publicité. Le P. Roubiès, Lazare, né à Marseille en 1741, était
alors conservateur de la bibliothèque. Malgré la mésintelligence
qui régnait entre les Oratoriens et la ville, celle-ci ne leur retira
cependant pas la direction du collège ; car, nous avons vu déjà plus
haut que le 9 juillet 1792, le P. Janin inscrivait encore sur l'inven-
taire du cabinet des antiques du collège l'entrée de plusieurs objets
d'art ; rien ne nous indique non plus le jour précis où la Révolu-
 tion ferma le collège et expulsa les Oratoriens ; cependant il est à
 croire qu'au moment du siège de Lyon, qui commença le 8 août
1793, quelques-uns de ses régents l'habitaient encore; le P. Rou-
biès 4, dont j'ai parlé plus haut, avait été remplacé par le P. Tabard
comme bibliothécaire du collège. Pendant le siège, il remplit les
fonctions de secrétaire de la commission départementale. Il va sans
dire que sa tête tomba sur l'échafaud le 11 février 1794.

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      Après le siège le P. Roubiès, pour sufùre à ses besoins, s'était fait instituteur,
mais le 11 février 1794, il fut arrêté dans son domicile, rue de la Monnaie (section de
Port-affranchi) et condamné à mort par la Commission révolutionnaire. Le même
jour eut lieu son exécution; il n'avait que cinquante deux ans; vingt-deux personnes
périrent avec lui le même jour. Une femme fut au nombre des victimes. Le P . Rou-
biès avait été dénoncé par le citoyen Pernet, membre du Comité d'Égalité; sa lâche
dénonciation est encore aux archives, il y déclare « avoir resté seize ans avec le
citoyen Roubiès, lequel a été le secrétaire de Gillibert, président de la commission
départementale et a pendant la Révolution manifesté les plus grands principes
 ^aristocratie.    » Le P. Roubiès avoua dans son interrogatoire qu'il s'était marié,
 quoique prêtre non assermenté et que sa miséreétait si grande qu'il avait dû, pour
 vivre, vendre la montre de sa femme. Il déclara aussi que c'était Gillibert qui l'avait
 fait remplacer comme bibliothécaire, par l'abbé Tabard François, aussi oratorien,
 lequel s'était retiré aussi de la prêtrise. Tabard était né le 10 mars 1746 et mourut le
 3 mars 1821. Après le siège, il reprit ses fonctions de bibliothécaire de la ville, mais
 s'acquitta si ma! de ses fonctions qu'en l'an XI, on dut le remplacer par M. Delan-
 diue. Gillibert Jean-Emmanuel, échappa à la mort. C'était un médecin célèbre et
 un naturaliste. Après la prise de Lyon il fut nommé professeur de botanique au Jar-
 din des plantes. Né le 21 juin 1721 il mourut le 2 septembre 1814, laissant plusieurs
 ouvrages assez estimés.